CLOR – Clor
(Regal/Labels) [site] – acheter ce disque
Je ne sais pas vous quand vous écoutez un nouveau disque, mais moi j’ai parfois l’impression – pas forcément désagréable d’ailleurs – que le nouveau venu est en orbite autour d’un petit nombre d’artistes biens connus et regroupés. De toute évidence, les lois de la gravitation – que Newton me pardonne cet anachronisme – s’appliquent également au rock. Dans le cas de Clor, on est à mille lieux de tout cela ; j’ai l’impression que ce groupe occupe le vide interstellaire laissé par des artistes situés aux quatre coins de l’univers de la pop et du rock (pêle-mêle : les Sparks, Supergrass, les Talkings Heads, Prince, Pulp, New Order, James Brown, Notwist) et que, récemment, le télescope de la critique internationale – probablement bousculé lors d’une soirée bien arrosée – a pointé vers cette zone inconnue ; le lendemain, se réveillant péniblement, un des invités a dû risquer un œil et – ô surprise – est tombé sur Clor.
Bon, enfin, avec une description pareille, vous voilà bien avancés… Alors, bon, la recette Clor, c’est plutôt le mille-feuille pop : une rythmique électro à tendance plus ou moins kitsch selon les morceaux, une mélodie accrocheuse et saccadée sur des guitares punk-funk ou des synthés psychédéliques qui s’amusent à changer de direction toutes les trente secondes (voire plus). Le tout donne une pop dansante et festive qui, sur plusieurs morceaux, pourrait frôler le tube intersidéral ("Dangerzone", "Love + Pain", "Magic Touch", …) ; la plupart du temps, on est donc pris d’une envie frénétique de se trémousser en essayant péniblement de suivre la cadence ; quelques (très courts) passages refroidissent cependant les ardeurs : l’intro de "Good Stuff" à la Van Halen du pauvre (pardon pour le pléonasme) ou celle de "Garden of love" façon générique de mauvaise série américaine sont un peu rédhibitoires ; la mélodie en escaliers du début de "Hearts on Fire" peut également fatiguer. Mais bon, de toute évidence, Clor n’est pas destiné aux gens fatigués et l’enthousiasme reprend vite le dessus.
Ajoutons deux ballades assez chouettes en guise de crème anglaise – forcément – (le touchant "Gifted" et "Goodbye" qui referme l’album en rappelant le "Farewell and Goodnight" des Smashing Pumpkins) et vous voilà avec la recette du mille-feuille cosmique de Clor. A goûter sans modération.
Christophe Dufeu
Good Stuff
Outlines
Love + Pain
Hearts On Fire
Gifted
Stuck In A Tight Spot
Dangerzone
Magic Touch
Making You All Mine
Garden Of Love
Goodbye