GREG MALCOLM – Swimming In It
(K-raa-k / Metamkine)
Greg Malcolm aime s’asseoir au bord de la falaise, contempler la mer, tourner la tête en direction des chutes d’eau, quand il ne travaille pas à la librairie de la petite ville dans laquelle il vit, en Nouvelle-Zélande. Mais depuis un peu plus de dix ans, il n’a plus beaucoup de temps pour tout ça. Longues heures passées chez le luthier pour mettre au point une guitare très spéciale. Tournées et enregistrements avec les plus éminents représentants d’une certaine scène Japonaise pas si minimale que ça comme Tetuzi Akiyama et Toshimaru Nakamura ou avec les stars du milieu folko-improvisé d’Australie, John Rose et Tony Buck. Années passées à Berlin et à tourner dans toute l’Europe. Compositions pour le théâtre, le cinéma et projets solo dont nous avons ici le dernier exemple en date. Dans les cinq titres de "Swimming in It", il nous propose des compositions originales, ne chante plus et conserve le dispositif "homme orchestre" qu’on lui connaît depuis longtemps (pour faire simple, il utilise trois guitares simultanément : une sur laquelle il tape du pied, une autre également au sol, sur laquelle il laisse tourner des ventilateurs ou des e-bow et la fameuse pièce unique qu’il semble tenir à peu près comme vous et moi). En gros, il nous fait enfin son John Fahe, mais lorsque le maître américain brille par sa présence et son toucher, avec une musique définitivement américaine, Malcolm, explore une tout autre géographie qui n’exclue pas l’Occident mais s’en va aussi vers un ailleurs dont on ne trouvera pas les coordonnées à la surface du globe. Comme si "Homesick for Nowhere", le précédent solo, dans lequel il reprenait magnifiquement Steve Lacy, Ornette Coleman, Charlie Haden, ainsi que des mélodies folkloriques arabe, klezmer, nipones etc… lui avait permis de s’affranchir de nous donner des repères pour nous faire savoir son désir de musique. Peut-être aussi parce qu’il élabore un vocabulaire pas proprement guitaristique, bien que cent pour cent à base de guitare, ça c’est sûr. Et le discours s’en ressent fatalement.
Les albums précédents annonçaient déjà la nouvelle, mais maintenant c’est officiel : Greg Malcolm n’a besoin de personne pour faire sa musique. Et il joue tout en direct. Pas de post-prod, ce qui donne un aspect brut, entier et très vivant à cet album, comme s’il était absolument impossible de le faire autrement.
Lars
Swimming In It
Intermission
Lost In Time
Staring At The Sun
Mob Job