FILM SCHOOL – Film School
(Beggars / Naïve) [site] – acheter ce disque
Film School est un quintette de musiciens installés à San Francisco repéré Outre-Atlantique dans le sillage de TV on the Radio et chez nous en première partie de The National. Leur signature chez Beggars leur a permis de sortir, dans la foulée de leur premier single "On & On", cet album qui, portant leur nom, devrait apparaître comme l’exemple de leur signature musicale. Celle-ci est sans conteste riche d’influences croisées, dans une collision temporelle entre les 70’s (Pink Floyd notamment), le début des 80’s (les effets d’une écoute prolongée des groupes anglais du début des eighties, avec une voix parfois proche du Robert Smith des débuts, des effets de synthé à la Echo & The Bunnymen, une basse à la New Order – l’intro de "He’s a DeepDeep Lake", par exemple-) et les digressions soniques de My Bloody Valentine.
En jouant sur le tricotage des guitares, certains effets de digression dans les compos et un chant versatile, Film School pourrait parfois faire penser à un Pinback psychédélique. Mais le groupe vaut mieux que la somme improbable de ses influences putatives ou avérées, et son identité s’enrichit de morceau en morceau. Entre instrumentaux ambient (le morceau d’ouverture et, plus loin, "Garrison"), constructions noisy à la fois abstraites et répétitives mais personnelles (la montée en puissance de "11 : 11"), accalmies psyché ou refrains subtilement épiques ("On & On", "Harmed"), le groupe brasse toutes sortes d’indices divergents sans jamais sombrer dans la confusion. En fait, ce qui frappe surtout, à les écouter, c’est ce curieux rapport entre l’énergie créatrice et la diversité des propositions musicales, comme si une même source pouvait donner simultanément naissance à plusieurs cours d’eau qui formeraient, en se rejoignant, une seule et même rivière : d’instant en instant, à la fois différent et le même, voilà Film School.
On peut éventuellement reprocher au disque l’inaboutissement de certaines propositions, l’absence de morceau évident (a-t-on cependant besoin d’un hymne pour se faire reconnaître ?), ou le caractère erratique de certaines parties psyché mais certainement pas la maîtrise de son vocabulaire ou l’ambition de sa direction musicale. Qualités et défauts réunis, on imagine assez bien que ce groupe puisse bénéficier d’un succès d’estime suffisant – sans buzz excessif – pour mûrir tranquillement la musique de demain. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
David Larre
1.
On & On
Harmed
Pitfalls
Breet
He’s a DeepDeep Lake
Garrison
11 : 11
Sick of the Shame
Like You Know
P.S.