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Cat Power – The Greatest

CAT POWER – The Greatest
(Matador / Beggars) [site] – acheter ce disque

CAT POWER - The GreatestL’un des disques les plus attendus de ce début d’année pourrait renvoyer dos à dos aficionados et détracteurs : "The Greatest", septième album de Chan Marshall, sirène imprévisible de la scène US, s’essaie, après l’indie-rock, l’australiana, l’album de covers dénudé, puis le classique folk, à une sorte de plongée de sa musique dans un bain soul inspiré par les enregistrements 70’s d’Al Green, et le résultat ne relève ni de l’exploit ni du plantage en règle. Plutôt d’une sorte d’écart aventureux, à demi maîtrisé, à demi convaincant. Pour cela, elle est allée puiser à la source, Memphis même, où sont venus l’accompagner des familiers du révérend, les frères Hodges (guitare et basse), le producteur Stuart Sikes, et quelques autres musiciens.
On le savait depuis longtemps, et plus encore depuis sa participation au dernier Handsome Boy Modeling School, la voix de Chan Marshall est, comme celles de Liz Fraser et de Sinead O’Connor, soluble dans à peu près toutes les musiques. Et c’est peut-être là que le bât blesse. Sur la première moitié du disque, on a en effet l’impression que, perdue dans les effets de piano, de guitare ou de cuivres, la voix est un peu enlisée, moins souveraine. Ajouter à cela quelques mauvais effets (des chœurs Chuppa Chups sur "Lived in Bars", des cuivres paresseux sur "Could We"), et l’impression perdure.
Pourtant, c’est bien là l’œuvre de Chan Marshall et celle-ci s’avère, comme souvent, plus retorse que son apparence faussement simple ne le suggère. Le morceau d’ouverture (jolie ébauche mais ébauche tout de même) déjoue les pièges du triomphalisme promis par son titre, avec son piano aigrelet et son récit désabusé, et laisse espérer mieux. Le second, construit sur une chouette cadence et chanté un peu comme un gospel, accroît le désir. Après, ça ne suit malheureusement pas trop et on attend donc que la belle reprenne la main, ce qu’elle fait au septième morceau, "Where is My Love", jolie love song sans autre artifice que son phrasé laid-back, sensuel et évanescent. Un peu plus loin, jouant sur le contraste, "Hate" rappelle d’ailleurs que la chanteuse n’a jamais eu besoin d’arrangements très riches pour s’imposer. Mais les morceaux plus habillés de la fin du disque sont aussi intéressants, "The Moon" avec son entrelacs de guitare blues et de piano, "Islands", caprice country bien négocié, et surtout "Love & Communication", de loin la chanson la plus rock, directe et peut-être réussie du disque. Celle-là ouvre des horizons qui dépassent de loin le handicap de départ et dissipe toute forme de dépit. Après, si vous trouvez qu’un disque de Cat Power où il n’y a que six ou sept bonnes chansons ne vaut pas le coup, c’est votre problème. Le mien, c’est désormais de devoir attendre le suivant.

David Larre

The Greatest
Living Proof
Lived in Bars
Could We
Empty Shell
Willie
Where is My Love
The Moon
Islands
After it all
Hate
Love & Communication

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