RADIATEUR – Radiateur
(Autoproduit)
Quand on écoute la musique de Radiateur, on pense beaucoup à Tortoise. Mais pas tant que ça… Ah oui, évidemment, le trio lillois fait du rock instrumental, énergique, parfois martial et carré comme on l’aime à Chicago ; de plus, chose rare, il ne vous dévisage pas furieusement quand on lui parle de post-rock (alors que le terme devient aussi risqué que la mention de Sonic Youth dans une interview de Blonde Redhead). Il semble que le groupe assume totalement ses références et s’accapare efficacement des recettes pourtant connues : lignes de guitare et de basse incisives, souvent en boucle, sur des tempos soutenus par une batterie efficace et audacieuse – comme sur "Maquillage", ouverture très réussie, ou sur "Kill Boule" et sa guitare sautillante.
Paradoxalement c’est quand la formation s’éloigne de l’école chicagoane qu’elle est la plus efficace, et l’injection régulière de synthés ne participe pas qu’un peu à ses tendances "musique pour les pieds". De leur propre aveu, et c’est sans doute ce qui fait la différence avec leurs référents américains, ils composent sans se poser trop de questions, avec pour but assumé de faire danser le public, et éventuellement l’auditeur tranquillement installé chez lui : bref, on est plus proche de Crime in Choir que de Slint. Comme l’indique la blonde bassiste Julie, elle n’a, comme le batteur, commencé à jouer qu’avec la naissance du groupe, qui rode sa réputation de chauffeurs de salles pour public averti en premières parties de concerts lillois (The Organ, Edie Sedgwick). Décérébré et efficace, décomplexé et festif, le post-disco de Radiateur réchauffe les cœurs – on en redemande.
David Dufeu
PS : Quatre titres à écouter sur MySpace. Groovy Baby !
Maquillage
Cowboy
La Musique américaine
Brasil
Kill Boule
Alice’s Piano
Owa Owa
Du lait
The End Is Not
Outrospection
Ich Kann Musik Hören
La chambre bleue
E Street
Ferme l’écoutille