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Thomas Dybdahl – Interview


Retour sur une grosse claque sonore et scénique de l’année : Thomas Dybdhal. Que ce soit en première partie d’Eric Truffaz, de The Legends au Nouveau Casino ou en tête d’affiche à la Boule Noire, le Norvégien aura largement impressionné son monde, dans un mélange à la fois explosif et classieux de lyrisme humide et de charisme ravageur. Même si « Stray Dogs », deuxième album sorti au printemps, nous avait quelque peu laissé sur notre faim, sa transposition sur scène s’est avérée terrassante. C’est d’ailleurs peu avant de monter sur scène qu’il avait reçu une petite délégation de popnews. La barbe en broussaille, mais le cheveu propre et l’œil vif (attention à ne pas décevoir le public féminin ce soir-là), il avait accepté de répondre à quelques questions et de lever le voile sur le troisième album déjà sorti en Norvège et promis à nos bacs pour les mois à venir.

T’attendais-tu au succès de ton premier album, « …That Great October Sound « , en Norvège ?
Non, pas du tout. C’était un disque fait pour le plaisir, enregistré à la maison, dans mon salon. Je venais de partir de chez mes parents et je découvrais alors tous ces grands groupes et songwriters, Bob Dylan, The Band, Bruce Springsteen… J’ai eu envie de faire de la musique moi aussi, j’ai acheté un micro et un ordinateur portable et je m’y suis mis. Quand le disque est sorti, personne ne savait qui j’étais mais j’ai eu de très bonnes critiques et les gens ont commencé à s’y intéresser. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, il a bien fallu six ou sept mois pour que les ventes décollent. Tout s’est enchaîné de façon harmonieuse : il y a eu une première tournée, puis une tournée des festivals, le disque a commencé à se vendre, et quand le deuxième est sorti, le public norvégien me connaissait. C’était une position plutôt confortable.

Après le succès du premier, tu ne ressentais pas une certaine pression ?
Non, je n’y ai pas vraiment pensé. En fait, j’ai commencé à travailler sur « Stray Dogs » dès la sortie de  » …That Great October Sound « . Dès le départ, j’avais l’idée d’une trilogie explorant des ambiances et des sentiments similaires. Je me suis tenu à cette ligne.

Tu as une voix très soul, qu’on rencontre assez rarement chez des chanteurs scandinaves. D’où vient cette façon de chanter ?
En fait, je chante depuis peu de temps, cinq ans environ. Avant le premier album, j’avais juste fait quelques chœurs pour d’autres groupes et je ne savais pas trop comment ma voix allait sonner. Je pense qu’elle est donc le fruit inconscient de mes influences, de ce que j’écoutais à l’époque. Un peu comme The Band, qui mélangeait le gospel, le blues, la country… Il y a aussi Elvis, Tim et Jeff Buckley, surtout Tim Buckley, qui a un registre très étendu, un style très lyrique et très pur. Il a été une grosse influence.

Perçois-tu des différences importantes entre tes trois albums ?
J’ai voulu évoquer des sentiments, des ambiances similaires, mais chaque disque a une couleur distincte. Ça se retrouve également dans les pochettes. Celle du premier est en noir et blanc avec juste quelques touches de couleur et la musique est plutôt folk-rock, très pure. Pour le deuxième, tout en restant dans une veine assez proche, j’ai varié un peu l’instrumentation. J’ai aussi déménagé, ce qui pourrait apparaître comme un détail, sauf qu’une grosse partie du travail est faite à la maison. Mon premier appartement était plus grand, avec du bois partout, quelque chose de très « organique « , tandis que le nouveau est plus « clinique », ce qui donne un son plus dur, plus net, plus ramassé aussi. Au final, je voulais obtenir un son un peu plus lourd, plus rock, avec moins d’instruments. En même temps, il y a des chœurs qui apportent une certaine chaleur. La différence, c’est aussi que ce disque est une sorte de concept-album autour d’un personnage féminin, Cecilia. C’est comme une histoire, où tout est lié.

Et le troisième, « One Day You’ll Dance for Me New York City », qui va bientôt sortir en France ?
C’est le plus calme, le plus  » laid-back », celui où transparaît le plus l’influence du classique et du jazz. Et aussi de la musique de film, à laquelle je me suis toujours beaucoup intéressé. Y compris des choses assez mainstream, comme Thomas Newman, l’auteur de la musique d' »American Beauty » : j’aime bien les ambiances qu’il crée avec le vibraphone. D’un point de vue plus général, ce troisième album est davantage dans la retenue que les précédents, les arrangements sont plus réduits, mon chant plus intimiste.

Doit-on considérer tes textes comme autobiographiques ?
Non, ils ne le sont pas vraiment. Je raconte simplement des histoires. Il ne m’arrive pas des choses exceptionnelles tous les jours, je dois donc inventer ! (rires) Je peux partir d’une personne existante et essayer d’entrevoir son destin. C’est amusant d’imaginer la vie des gens, les situations dans lesquelles ils pourraient se trouver… Si j’écrivais vraiment sur moi, je risquerais d’être trop impliqué et de passer du mélancolique au sentimental. Je préfère garder une certaine distance par rapport à ce que je chante.

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