APOLLO NOVE – Res Inexplicata Volans
(Crammed / Wagram) – acheter ce disque
Ce n’est pas parce que l’année du Brésil en France est terminée qu’il faut désormais s’abstenir de parler de disques brésiliens, a fortiori quand ils sont sortis en 2005 comme le premier album d’Apollo Nove (ou Apollo 9, alias Francisco Carvalho), "Res Inexplicata Volans". Plutôt sibyllin au premier abord, ce titre en latin est expliqué sur la pochette : il s’agit de la traduction officielle par le Vatican de ce que nous désignons par l’acronyme "ovni"… Il résume au fond assez bien ce qui fait la tranquille grandeur de la musique brésilienne d’hier et d’aujourd’hui (et de demain, sans doute) : le mélange d’érudition et d’expression populaire, de rigueur et de fantaisie, de tradition et d’innovation. L’usage de la langue de Juvénal renvoie aussi, incidemment, à une chanson de Caetano Veloso et Gilberto Gil, "Panis et Circenses" ("du pain et des jeux"), morceau phare du tropicalisme dont les hurluberlus d’Os Mutantes livrèrent en 1968 une version savoureuse, arrangée par Rogério Duprat.
Le lien n’est pas si ténu que cela puisque Rita Lee, ex-Mutante, signe ici le texte polyglotte du morceau "Inexplicata", dont le refrain donne son titre à l’album. Mais c’est surtout la jeune génération – la sienne – qu’Apollo Nove, producteur de 35 ans, a conviée à s’exprimer ici : Cibelle, Céu, Seu Jorge… Malgré les clins d’œil au passé (reprises méconnaissables de Glen Campbell et AC/DC période Bon Scott, qui dénotent un éclectisme certain), "Res…" est un album bien de son époque, alliage subtil et suprêmement cool de sonorités acoustiques et électroniques, de vintage et de modernité, dans la lignée d’un Arto Lindsay. On est parfois à la limite de l’exotisme inoffensif pour bobos – et loin des favelas -, mais Carvalho a trop de talent et d’exigence pour se contenter de dérouler de moelleux tapis sonores à destination des bars lounges branchés. Il se révèle par ailleurs excellent chanteur (à croire que là-bas, c’est dans les gènes), mêlant harmonieusement sa voix à celles de ses charmantes partenaires féminines. Véritable bain moussant auditif, le disque d’Apollo Nove nettoie les oreilles et aère l’esprit, avec une légèreté qui tient finalement plus de l’élégance que de l’inconsistance.
A ceux qui voudraient prolonger le voyage, on recommande également la récente compilation "The Now Sound of Brazil 2". Outre deux extraits du disque d’Apollo Nove, on y trouve quelques perles signées Bebel Gilberto, Celsa Fonseca, Zuco 103 et autres dignes représentants de la nouvelle vague brésilienne, que le label Ziriguiboom (division de Crammed Discs) contribue depuis quelques années à faire connaître en Europe. Là aussi, le patrimoine – un classique de Chico Buarque, le folklore du Nordeste… – se conjugue au présent, passant à la moulinette du sample et du remix sans y perdre son âme. Tout cela est d’une telle grâce et d’une telle richesse que c’en est presque insultant pour le commun des faiseurs de musique. Mais bon, comme dirait l’autre, la vie est injuste.
Vincent Arquillière
Mr Right Now
Traz um alivio
Inexplicata
Ensaboar Você (Soap You)
Children of the Sun
86
War
Fruta Vermelha
I’m a Rocker
Yage Cameras
Capoeira
Entre eu e você
The Now Sound of Brazil 2
Bebel Gilberto ‘Simplesmente’ (Tom Middleton Balearic remix)
Bossacucanova ‘Samba da minha terra’ (feat. Zuco 103 )
Apollo Nove ‘Inexplicata’ (feat. Céu)
Cibelle ‘Esplendor’
Celso Fonseca ‘Por acaso pela tarde’
DJ Dolores ‘Trancelim de marfim’ (feat. Isaar)
Zuco 103 ‘Eu nasci no Brasil’ (Primal View remix)
Bebel Gilberto ‘Cada beijo’ (Thievery Corporation remix)
Zuco 103 ‘Love Is Queen Omega’ (feat. Lee ‘Scratch’ Perry)
Apollo Nove ’86’
Cibelle ‘Meu amor’
Bossacucanova ‘Essa moça tá diferente’ (feat. Simoninha)
Celso Fonseca ‘Atlantico’ (Da Lata remix)
DJ Dolores ‘Trancelim de marfim’ (Apollo 9 rmx)