THE EARLIES – These Were The Earlies
(Secretly Canadian / Labels) [site] – acheter ce disque
Amateurs d’odyssées planantes dans la galaxie des sons XL, soyez les bienvenus à bord du vaisseau des Earlies qui s’apprête en 11 titres à vous mettre en orbite dans votre salon. Paru sur l’excellent label américain Secretly Canadian (Antony and The Johnsons, Jens Lekman, Richard Swift…), "These Were the Earlies" constitue l’acte fondateur de ce quatuor de musiciens et producteurs mi-anglais mi-texan qui a longtemps œuvré pour les autres (Micah P. Hinson, Leona Ness, King Creosote…). Plus accroché à la musique qu’au succès volage, le groupe a pris le temps de sortir quelques Ep’s autoproduits (formant la trame de l’album) puis de partir en tournée en 2004, histoire de roder une formule pouvant compter jusqu’à 11 musiciens sur scène, avant de sortir un disque ample, aux mélodies fluides, habillées d’harmonies vocales sous acide et d’arrangements mille-feuilles.
Avec "One of Us is Dead", le début de l’album reprend les choses à peu près là où "Deserter’s Songs" de Mercury Rev les avait laissées en 1998 : mélodie languide menée crescendo, même timbre de voix étrange que celui de Jonathan Donahue. On se sent vite en terrain familier, bercé par un doux rythme de croisière qui nous transporte imperceptiblement jusqu’aux portes du désert de Mojave. Progressivement, le disque remonte l’échelle du temps et vient flâner vers le rock progressif de Pink Floyd, dans l’univers de Brian Eno, dans la pop psychédélique des Beach Boys et des Byrds avec juste ce qu’il faut d’électronique pour nous rappeler que l’on est en 2006 et que Air est passé par là entre temps. Ici pas de mélodies en chausse-trappe ni de contrepoints harmoniques savants, à peine quelques coups d’accélérateurs bien sentis pour relancer la machine ("The Devil’s Country" par exemple, avec son sax énervé comme si Albert Ayler se tenait en embuscade). En vrais piliers de studio, les Earlies laissent s’épanouir les mélodies naturellement, les habillant ou les déshabillant au gré de leurs envies. Cela donne un album ouaté, difficile à morceler où les plages instrumentales s’imbriquent aux passages chantés. Une impression bucolique domine l’ensemble, nourrie de paroles naïves louant les bienfaits de dame nature ou de la Vierge Marie ("Morning Wonder"). Cette ode new-age (qu’on espère second degré) flirte parfois dangereusement avec de la musique ambient pour documentaire aquatique (sur "Lows" notamment) mais le groupe est suffisamment malin pour ne pas s’éterniser quand il sent une faiblesse pointer à l’horizon. Et c’est finalement au terme de 50 minutes contemplatives, et après quelques étirements, que s’opère un choix crucial : appuyer derechef sur la touche play ou passer le dernier Strokes ? Personnellement, je rempile.
Luc
In the Beginning
One of Us Is Dead
Wayward Song
Slow Man’s Dream
25 Easy Pieces
Morning Wonder
The Devil’s Country
Song for 3
Lows
Bring it Back Again
Deads Birds