LATE MRS EIGHT – Dear Adrenaline
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Joel Fridlund, auteur-compositeur et interprète du groupe suédois Late Mrs Eight, a tout l’air d’être un cas. Il fait partie de cette catégorie de musiciens multi-instrumentistes qui émergent de temps à autre (on se souvient avec émotion des premiers albums de Beck, ou encore des débuts de Prince), composant et enregistrant en autarcie totale, dans des home-studios de fortune, des chansons étranges et habitées. Passées l’admiration et l’affection que suscite chez moi ce genre de personnages (les génies de studios m’ont toujours fasciné, de Joe Meek à Brian Wilson en passant par Pete Townshend, cette exigence dans leur travail, cette fascination pour la musique au point de jouer soi-même toutes les parties enregistrées), il faut bien convenir que les morceaux de Late Mrs Eight tiennent carrément (et objectivement) la route. Il faut entendre l’ouverture de l’album, tout en chœurs angéliques et inquiets, pour partir ensuite dans une structure jazz "Saint Germain des Prés", particulièrement réjouissante. Nous sommes en présence d’une série de vignettes folk-pop agréables et pourtant assez dérangeantes, ne serait-ce que par la présence de structures mélodiques bancales ("Looking for a Friend of Mine"), entre la pop et la valse, totalement fascinantes. C’est encore plus évident sur un titre comme "Low & Mean", étincelant. Mais si ces morceaux peuvent parfois étonner, ne vous méprenez pas, nous ne naviguons pas dans les abîmes de la folie d’un Skip Spence ou d’un Syd Barrett, dont l’œuvre crépusculaire hante les rues sombres de la pop depuis 35 ans maintenant.
Cet album brasse une telle somme d’influences qu’il serait
absurde de toutes les citer. Sachez toutefois que cet album (dont la pochette a été également conçue par Joel Fridlund… il est partout, partout) constitue une expérience passionnante dans le sens où l’on peut, en douze titres tous plus barrés et beaux les uns que les autres, avoir un aperçu de la vision musicale d’un individu. Une vision déjantée et foncièrement originale. Ne reste que l’expérience de la scène pour savoir si Late Mrs Eight peut sortir du statut fascinant mais protecteur du studio pour se confronter au danger et à la magie de la scène. C’est ici que tout se jouera, la réalité des morceaux comme la grandeur du groupe. C’est l’épreuve de vérité.
Frédéric Antona
P.S.: Ma chaîne Hi-fi a des soucis en ce moment, elle saute et me renvoie toujours sur "Low & Mean", valse funambule. En ces temps de (ou peu s’en faut…) Noël, j’aime voir ça comme un signe de la réelle magie du morceau.
Angry Yellow Lawn
Looking for a Friend of Mine
Not Allowed
For Ms Sadovsky
Blue Lies Cold
Lux
Queen of Cold Aesthetics
Growth
Transparent Eyelids
Low & Mean
Path & Nowhere
Secret Society