MY MORNING JACKET – Z
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A l’écoute de leur précédent album ("It Still Moves"), on se disait que le jour où les Kentuckyiens de My Morning Jacket se couperaient les cheveux et ralentiraient les drogues, ils seraient capables de pondre un très bon disque. "Z" déboule et s’il est clair que la situation économique de leur coiffeur s’est améliorée, leur dealer doit encore se traîner une sacrée ardoise. "It Still Moves" donnait pour aller vite dans le southern-rock psychedelico-planant, celui-ci a abandonné toute connection avec le rock à barbe et à panse ventrue. L’album ouvre sur une pulsation électro enveloppée d’une mélodie spiralée qui s’achève en incantations vaguement bouddhiques psalmodiées par un Jim James au K2 de ses capacités vocales : cela s’appelle " Wordless Chorus (MMJ s’amuse bien avec les titres de ses chansons, vous allez voir) et on voudrait que cela dure 3000 fois plus longtemps. La suite sonne comme les délires foutraques d’un Animal Collective qui aurait décidé de combler, dans ce domaine, le fossé qui sépare la totale réussite du foutage de gueule. Tout cela est en effet parfaitement maîtrisé, grâce à la voix d’or de Jim James et à la production léchée mais subtile de John Leckie (aux manettes du premier Stone Roses et du meilleur Radiohead), et pourrait sembler arrogant et prétentieux si les MMJ n’avaient pas écrit au bas mot trois des cinq meilleures chansons de l’année. "Gideon" emporte le morceau grâce à sa partie d’orgue truculente, "Anytime" s’impose comme le plus flamboyant hymne brit-pop jamais écrit par un non-ressortissant du Commonwealth et le solo de guitare de "Lay Low" finit par courber l’échine devant la mélodie comme s’il devait se faire adouber par elle. On frôle même la mise en abyme avec "Off The Record" (on s’amuse, on s’amuse), que le groupe a bien fait de conserver sur l’album et expédie en deux tranches : la première est un tube imparable et la seconde une ballade bucolique et brumeuse. On the record, finalement. Nous, on est en plein dedans.
Jean-Christophe Mauger
Wordless Chorus
It Beats for U
Gideon
What a Wonderful Man
Off the Record
Into the Woods
Anytime
Lay Low
Knot Comes Loose
Dondante