BABYSHAMBLES – Down In Albion
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Depuis la pathétique sortie de route des Libertines, l’an passé, les nouvelles artistiques des frères ennemis Carl Barât et Pete Doherty étaient plutôt rares. Voici enfin le seul acte du sulfureux Pete dont il est digne de parler publiquement. Down In Albion est le premier album de son nouveau groupe, les Babyshambles, gang de seconds couteaux autant doués pour la musique que pour la rock’n roll attitude. Foutraque, c’est d’emblée le mot qui me vient à l’esprit pour évoquer ce 16-titres franchement long. Comme avec les Libertines, le bon côtoie le mauvais, le tout produisant chez l’auditeur un sentiment partagé d’agacement et d’indulgence. Comme à l’époque des Libertines, on se demande ce que Mick Jones vient faire ici, producteur flemmard, sans doute plus fasciné par le miroir de sa propre jeunesse que lui tend ce groupe que par les qualités intrinsèques de sa musique.
Capitaine d’un "bateau ivre", Pete Doherty peine à maintenir le cap qu’il ne s’est d’ailleurs pas fixé. D’une voix approximative, il délivre des chansons décousues sur des mélodies instinctives. L’équipage tangue, avance par à-coups suivant les bourrasques rythmiques, s’emballe, s’essouffle, s’égare mais, ô miracle, ne chavire pas. Contre toute attente, la section rythmique (basse/batterie) stabilise l’ensemble efficacement, alors que les guitares, brouillonnes, tricotent dans leur coin. Malgré tout, nos quatre escogriffes parviennent à marquer une entame plutôt enthousiasmante à force d’énergie punk-rock compensatoire ("Fuck Forever", "A Rebours", "The 32nd Of December", "Pipedown"). Dans sa volonté de ne pas s’enfermer, le groupe s’essaie à des ballades acoustiques émouvantes ("Albion" et "Merry Go Round"), affiche aussi des velléités reggae peu convaincantes ("Sticks and Stones" ou "What Katy Did Next") rappelant la touchante maladresse des Slits. Pete invite sa fiancée Kate le temps d’un titre clin d’œil mal ficelé ("La Belle et la Bête") et laisse carrément les clés du studio à un ancien compagnon de cellule pour un morceau de dub paki égaré ("Pentonville") sentant la pause bière pour tout le monde. D’autres titres, encore, n’ont aucune structure mais visiblement, personne ne semble s’en préoccuper ("Killamangiro", "8 Dead Boys" ou le très mauvais "In Love With a Feeling").
Bref à trop vouloir en faire sans assurer les fondamentaux, Down in Albion déçoit forcément. L’ensemble manque de liant, de finition, d’application tout simplement. Dommage, Pete Doherty sait indubitablement écrire des chansons et les Babyshambles ne sont pas manchots. Alors messieurs… au travail !
Luc Taramini
La Belle et la Bête
Fuck Forever
A’ Rebours
The 32nd of December
Pipedown
Sticks and Stones
Killamangiro
8 Dead Boys
In Love with a Feeling
Pentonville
What Katy Did Next
Albion
Back From the Dead
Loyalty Song
Up the Morning
Merry Go Round