NERVOUS CABARET – Nervous Cabaret
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Il suffit de lire sur le Net quelques critiques de l’album de Nervous Cabaret, avant même de l’avoir écouté, pour comprendre qu’on n’a pas affaire ici au tout-venant. Les références franchement hétéroclites se bousculent : Tom Waits, Joy Division (inévitable en ce moment), Nusrat Fateh Ali Khan, Sun Ra, Stray Cats, Clash, le Non Smoking Orchestra d’Emir Kusturica et la musique tzigane, le blues, la musique aborigène et même Captain Caveman (Capitaine Caverne en VF !) derrière les fûts (le groupe compte deux batteurs, utilisant notamment des percussions traditionnelles)… Comme si cela ne suffisait pas, on apprend également que les membres de ce (super)groupe basé à New York ont travaillé séparément avec Tears for Fears, Soul Asylum, Tom Waits (again), Joseph Arthur, et d’autres dont on n’a jamais entendu parler. Qu’est-ce que c’est que ce bazar ?
Tout a commencé, semble-t-il, par un "open mic" (une soirée où chacun peut venir montrer ses talents musicaux) à Brooklyn. Elias "KiD" Khan, chanteur et multi-instrumentiste, s’y fait une petite réputation. Qui arrive jusqu’aux oreilles de Fred Wright, joueur de cornet. Les deux sympathisent et décident de collaborer. Lors d’une "rooftop party" (une "fête sur un toit", tradition bohème new-yorkaise qu’on croyait disparue ; là encore, pas de véritable équivalent français, hélas), ils rencontrent le batteur Brian Geltner, alias "Dr. Snitch", et le contrebassiste Matt Morandi, deux musiciens tout aussi hors normes. Un cinquième allumé, Greg "G Wiz" Wieczorek, rejoint la troupe. Nervous Cabaret est prêt à conquérir le monde, en commençant modestement par un disque de six titres en 2003.
Evidemment, avec de telles prémices, on courait le risque d’être déçu en écoutant ce véritable premier album. Mais non, même pas : " Nervous Cabaret " est vraiment impossible à cataloguer, à résumer en quelques formules faciles (des Red Hot Chili Peppers ne se préoccupant pas d’écrire pour les FM ? Jeff Buckley perdu dans le vieux Istanbul ? un Soul Coughing pris de boisson ? bof…). Ce n’est pas non plus un disque de tout repos. Puissante et éraillée, la voix de Khan caresse comme du papier de verre, les cuivres frôlent souvent la sortie de route, et même les rares moments d’accalmie abondent en dissonances et en torsions rythmiques. Une véritable morale de l’excès semble à l’œuvre chez ce groupe sous tension permanente, qu’on imagine dévastateur sur scène. On n’est pas sûr que leur album devienne un disque de chevet, qu’on sifflote tous les matins ses chansons sous la douche, qu’il se vende à des millions d’exemplaires de par le monde, mais qu’importe : voici – enfin – une musique qui tranche, brûle, secoue, quitte à assommer parfois. En un mot, une musique vivante.
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