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Tue-Loup – Interview



Au jeu de la promo (voir la précédente interview du groupe), c’est souvent le chanteur qui s’y colle. Les Sarthois de Tue-Loup ne dérogent pas à la règle, en envoyant Xavier Plumas, plutôt affable, parler de leur sixième album « Rachel au Rocher » et de l’évolution du groupe qui approche les dix ans d’existence. Le chanteur-auteur parle avec sérénité de son univers musical et avec un certain détachement de l’industrie du disque et de la scène française. Aucune nostalgie pour celui qui fut avec son groupe, à la fin des années 90, un bel espoir du rock français. Aujourd’hui, Tue-Loup continue d’enregistrer des disques à son rythme en creusant un sillon personnel.

Tue-Loup sera en concert à la Maroquinerie, à Paris, le 2 décembre. Tournée prévue début 2006.

Tue-Loup est un groupe sarthois. Par votre ancrage géographique, favorisez-vous les projets musicaux locaux ?
Pas vraiment, mais il se trouve qu’en dehors de Tue-loup, j’ai réalisé récemment un autre album avec des gens ma région sous le nom de Fulbert (« Les Anges à la Sieste »). Avec François Chevallier, en l’occurrence, qui est metteur en scène et pianiste. Je recommence d’ailleurs à bosser avec lui à la fin du mois car il monte une nouvelle pièce de théâtre dont je fais la musique. Il se trouve qu’il est aussi co-régisseur d’une compagnie de danse sarthoise dirigée par la chorégraphe Marie Lenfant qui chante aussi sur l’album de Fulbert. J’ai également écrit des musiques pour accompagner les spectacles de certains de ses danseurs. Mais tout ça, c’est le hasard des rencontres. Je mène aussi un autre projet parallèle avec Rom Liteau, le slammeur qui chante sur notre avant-dernier album. Il sera chanteur lead et moi, le guitariste. Il y aura aussi Thomas Belhom à la batterie, un autre musicien originaire de la Sarthe qui passe beaucoup de temps en Angleterre.

Je fais partie de ceux qui sont rentrés dans l’univers de Tue-Loup par les textes, donc je voudrais que tu me parles de ta relation à l’écriture. Est-ce que, pour toi, il s’agit d’un travail distinct de la composition musicale ?
Ça dépend. Mon travail d’écriture est vraiment indépendant de la musique. De plus en plus quand j’écris, et c’est ce que je trouve intéressant, je ne pense pas du tout à la mise en forme musicale. Sur les premiers albums de Tue-Loup, les chansons étaient encore pas mal formatées couplet/refrain. Elles étaient pensées pour être chantées. Alors qu’aujourd’hui, j’écris pour le plaisir d’écrire.

…dans un format poétique ?
Voilà exactement. Enfin, je ne sais pas si on peut se permettre de dire que c’est de la poésie mais en tout cas je le fais dans cet esprit-là. Alors après, il y a des textes que j’écris et que je mets aussitôt en musique à la guitare. Je les propose au groupe comme base de travail et ensuite, ils évoluent. Il y en a d’autres chansons qui procèdent vraiment de la composition collective : on répète, il se passe un truc et quand quelque chose commence à tourner, on essaie de le structurer pour en faire un morceau. A ce moment-là, je regarde ce que j’ai en stock dans mes textes pour voir ce qui pourrait coller à la musique que l’on a créée. En général, j’ai toujours des textes d’avance parce que c’est bien gentil de se dire qu’on répète mais il arrive un moment où il ne se passe plus grand-chose si on n’insuffle pas de la matière. Encore que sur le prochain album, on va composer des instrumentaux. Mais de façon générale, si on fait tourner une structure musicale sans textes, les musiciens se fatiguent vite. Rapidement, il faut que je chante pour que tout le monde sente que ça se concrétise.

Est-ce que tu essaies d’explorer des choses quand tu écris pour ne pas te répéter ou pour créer de la surprise ? Sur Penya, tu te mettais à la place d’une femme…
En gros, je parle toujours de la même chose, le sujet sous-jacent existe depuis la nuit des temps. Le défi c’est de trouver de nouveaux angles d’attaque. Essayer de faire évoluer le style. Parfois c’est casse-gueule, tu as l’impression que c’est super et puis au moment de chanter ça ne sonne pas du tout.

Je crois que sur Fulbert, la musique est née d’abord d’un travail sur la lecture de textes ? Une approche plutôt originale…
Oui, c’est François qui a voulu travailler comme ça. Comme il est issu du théâtre, il a cette sensibilité particulière envers les textes. J’ai amené tous les textes, moins trois chansons que l’on a composées ensemble. Il me les a fait lire au micro pour essayer d’entendre le rythme inhérent à chacun d’eux. On a ensuite enregistré mes lectures en mettant une rythmique par-dessus. Puis, seulement, on a pris les guitares et le piano. Après, ça a évolué, on accélérait ou on ralentissait, quoiqu’en général, on a plutôt ralenti les tempos. Les premiers essais étaient plutôt rock et puis, au fur et à mesure, on a épuré. On a alors fait appel à Cyril Bilbeaud, le batteur. Au départ c’était dur pour lui car on lui a demandé de faire des choses dont il n’avait pas l’habitude : jouer au fond du temps, utiliser toutes les potentialités de sa batterie. Au final, c’était un projet très intéressant à mener pour tout le monde.

Pour ton futur projet avec Rom Liteau, c’est lui qui écrit tous les textes ?
Oui, sauf trois, que j’ai écrits et que je vais chanter.

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