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Tue-Loup – Rachel au Rocher

TUE-LOUP – Rachel Au Rocher
(T-rec / Naïve) – acheter ce disque

TUE-LOUP - Rachel Au RocherSixième album (déjà) pour les Sarthois de Tue-Loup et un troisième changement de label qui démontre toute la difficulté de ne pas correspondre aux canons musicaux propres à booster les ventes et à remplir les salles de spectacle. Par sa ligne musicale, "Rachel au Rocher" poursuit la voie de son prédécesseur, l’iconoclaste "Penya", sans l’aridité de celui-ci qui, il faut bien l’avouer, avait décontenancé un peu les fans de la première heure. Le temps a passé et les musiciens, autour d’un line-up inchangé (Thierry Plouze à la guitare, Eric Doboka à la basse, Christian Dasfeld au piano, Romain Allanot à la batterie et Xavier Plumas au chant), semblent avoir trouvé un équilibre entre la base rock, qui faisait le charme des premiers albums, et les tonalités jazzy qui colorent désormais la musique du quintet. Le disque joue aux montagnes russes à l’image de l’instrumental "Pas d’chant pas d’Krumar", à la fois énergique et lancinant. Guidés par la voix fiévreuse de Xavier Plumas, les musiciens réussissent une entame soul-rock parfaite avec "City-light" et ses chœurs enjoués. Puis le groupe amorce un débrayage en règle qui installe un rythme de croisière où musardent guitares dépressives et envolées de piano bucoliques tissant des climats harmoniques recherchés d’une grande sensibilité ("Corps de Bête", "Les yeux de l’âne", "Les Encoches", "Elias"). Il y a aussi des titres plus introspectifs ("Je m’aplatis", "Le ressac", "Je n’ai pas soupé") empreints d’une sérénité nouvelle, toujours sur une trame impressionniste qui donne à la musique de Tue-Loup des couleurs automnales magnifiques. Les choeurs féminins réchauffent l’atmosphère sur plusieurs titres tandis qu’une trompette sourde s’invite sur "Les grands pins" et montre de nouveaux horizons dissonants. A la moitié de la play-list, le "Martin pêcheur" ramène l’album vers un rock carré et nerveux prouvant que l’efficacité est toujours du côté de la spontanéité. Avec ce disque tout en nuances et parfaitement maîtrisé, Tue-Loup trouve un second souffle artistique et s’affirme comme une formation exigeante, capable aussi de déconstruire sa musique et ses textes, à l’image des productions de Rodolphe Burger, d’Alain Bashung et de Noir Désir. Une rare leçon de liberté et d’intelligence.

Luc Taramini

City-Light
Corps de bête
Les yeux de l’âne
Je m’aplatis
Les encoches
Le ressac
Le Martin pêcheur
Elias
Les grands pins
Pas d’chant, pas d’krumar
Je n’ai pas soupé

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