KATE BUSH – Aerial
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Voici un album que je n’attendais plus pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’album précédent de Kate Bush, "The Red Shoes" nous ramène tout droit au début des années 90 et, à l’époque, il avait été, il faut le reconnaître, une déception : un album sans vraie cohérence, plutôt dépassé musicalement et plombé par trop d’invités "prestigieux" (Eric Clapton, Prince, etc.). Heureusement, il était sauvé par quelques fulgurances ("Song Of Solomon" ou "Big Stripey Lie") dont Kate Bush a toujours eu le secret.
J’ai donc reçu la nouvelle de son retour discographique avec pas mal d’appréhension mais aussi un léger espoir, même si l’idée d’un double album (un recueil traditionnel de chansons et un "concept album") avait de quoi inquiéter tout en nous renvoyant à l’époque bénie du génial "Hounds Of Love".
Le premier CD, "A Sea of Honey" commence par le premier single, "King of the Mountain", un morceau qui prend son temps, sans vraie accroche mélodique, mais assez représentatif de l’esprit de l’album – c’est aussi paradoxalement l’un des plus faibles. Mais, dès cet instant, une chose est acquise : la voix de Kate Bush n’a pas bougé, ce timbre unique qui pourrait nous bouleverser en récitant l’alphabet. Il se trouve justement qu’elle chante les décimales du nombre Pi sur le morceau suivant et c’est la première réussite hypnotique de l’album. Vient ensuite une valse à l’ambiance médiévale dédiée à son fils et les réticences qu’on pouvait avoir commencent sérieusement à s’estomper : Kate Bush est bien de retour. Et cela ne fait que se confirmer avec les deux morceaux de bravoure de "A Sea of Honey" : "Mrs. Bartolozzi" et surtout "A Coral Room" en hommage à sa mère décédée où, seule au piano, elle retrouve l’émotion de "This Woman’s Work", une de ses chansons les plus touchantes.
Maintenant passons à "A Sky of Honey", le "concept album" proprement dit. Proche de l’esprit apaisé du premier CD (il n’est pas interdit de penser par instants à Talk Talk à l’écoute d’"Aerial"), on est loin ici de l’exubérance de "The Dreaming" ou de "The Ninth Wave", la face B de "Hounds Of Love". Kate Bush imite le chant des oiseaux, mêle jazz et flamenco sur le surprenant et très beau "Sunset", réussit encore un magnifique "Prologue" où la basse fretless d’Eberhard Weber fait des merveilles comme, 20 ans auparavant, sur "Mother Stands For Comfort".
Pour autant, tout n’est pas complètement réussi sur la longueur de ce double album. Certaines programmations sont un peu datées, quelques chansons plus anodines (comme "Joanni"), voire un peu déplacées (comme le morceau titre avec son beat standard de discothèque et son solo de guitare un poil complaisant qui termine l’album sur une note décevante).
Mais ne boudons pas notre plaisir, Kate Bush vient sans doute de sortir son meilleur album depuis "Hounds of Love", et ça, c’est une excellente nouvelle.
Franck Z.
A Sea of Honey :
King of the Mountain
Pi
Bertie
Mrs. Bartolozzi
How To Be Invisible
Joanni
A Coral Room
A Sky of Honey :
Prelude
Prologue
An Architect’s Dream
The Painter’s Link
Sunset
Aerial Tal
Somewhere in Between
Nocturn
Aerial