VILLENEUVE – First Date
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Une première écoute un peu hâtive laisse une impression simplement agréable, peut-être due à la douceur qui semble baigner la majorité des titres. Mais ce simple constat, avec ce qu’il sous-entend de lassitude imminente, se suffit pas à rendre justice à la voix sucrée juste ce qu’il faut de Mélanie Pain, et au subtil travail de Benoît de Villeneuve. Travail visant à marier ses diverses et nombreuses filiations, en gros de la pop sixties anglaise et californienne à l’électro la plus blippante, en passant par les cases shoegazing, folk voire ambient…
Encore ne suffit-il pas de connaître sur le bout des doigts les Saintes Ecritures pour bien dire la messe. Là encore pas de secret, en l’occurrence : les morceaux les plus convaincants sont ceux qui parviennent à fondre les diverses influences sans forcer les doses, et en n’oubliant pas pour certains d’être des tubes en puissance. Dans le registre "ballade", on y trouve le suave "Mercury" en entrée, le fragile et simplissime "Tomorrow Never", et surtout un beau et panoramique "Words are Meaningless". Quelques incursions dans des ambiances plus sombres font mouche également, tel "Sport Hit Paradise", Lali Punien en diable (mais y a pas d’mal), "Alone Not Alone" (qui rappelle que le bonhomme a collaboré avec M83), et "Does Anybody Hear Now", où la mélancolie se noie joliment dans quelques lampées de parasites saturés.
C’est lorsque les chansons sont plus typées et s’approchent davantage de l’exercice de style que l’intérêt s’émousse un peu. Même si on est en droit de trouver que "Oh No" reste une pièce d’electro-pop sautillante tout à fait sympathique. "Pause" n’est pas désagréable dans le genre electro intimiste et "Things Are Gonna Change" ne démérite pas, en clin d’œil (un peu trop appuyé) à une pop anglaise millésimée.
Par contre, la volonté affichée d’éclectisme se paie parfois de quelques passages dispensables. "The Falling", electro-jazz vaguement ennuyeux ne donne pas envie d’appuyer sur la touche "repeat". Et on aurait pu faire l’impasse sur l’agaçant "Men Like You", ou "Plus vite que le temps", bluette frenchie un peu perdue au milieu de tout ça.
Au-delà de ces quelques doléances, l’ensemble reste d’une belle tenue. Au hasard, moins rêveur que Sébastien Schuller, moins "français" qu’un Benjamin Biolay, plus léger que M83, et fort d’un réel talent d’écriture, Villeneuve montre qu’il peut aisément prétendre à une place de choix dans la lignée "pop hexagonale d’inspiration anglo-saxonne mais décomplexée". Surtout lorsqu’il développe ses pistes les plus personnelles (ce qui est quand même bon signe !). Plus près donc du meilleur de la French Touch que de la "Qualité Française".
Marc Schmit
Mercury
The Falling
***
Oh No
Tomorrow Never
Worlds are Meaningless
Pause
Things are Gonna Change
Sport hit paradise
Men Like You
Alone Not Alone
Plus vite que le temps
Does Anybody Hear Now