THE CREEKDIPPERS – Political Manifest
(Creekdipper Records / Glitterhouse) [site] – acheter ce disque
Il faut avoir vu the Creekdippers sur scène pour comprendre à quel point Mark Olson est un homme de mérite. Après avoir pris congé des Jaywahks (qui lui sont sans doute redevables de leurs meilleures chansons), il crut bon de s’associer à sa compagne pour continuer son aventure musicale. Riche idée qui profite à l’inspiration de bien des groupes, pourrait-on penser de prime abord. Pas si sûr en l’occurrence. Le résultat en fut quelques disques signés d’abord sous le nom de "Mark Olson and the Creekdippers", puis plus simplement "The Creekdippers", comme c’est le cas ici. Au sein de cette formation, qui au cours des années est devenue de plus en plus rythmique et de moins en moins acoustique, l’inénarrable dulcinée de Mark Olson, Victoria Williams, fait grincer sa voix à la limite de l’insupportable sur une bonne partie des morceaux. Et le résultat, aussi incroyable que cela puisse paraître, est parfois beau, grâce aux talents d’arrangeur paisible d’Olson. Mais revenons-en aux concerts, où cette sorcière bien aimée, malgré d’indéniables circonstances atténuantes, n’en finit pas d’exaspérer le quidam venu pour profiter du talent de son concubin (parlant à voix haute -dans tous les sens du terme- pendant les morceaux, changeant d’instrument en plein milieu d’une chanson, mais ne parvenant plus à le faire sans assistance au moment où cela devient nécessaire, etc.). A ses côtés, le fameux Mark, dont on connaît par ailleurs le talent à écrire de belles chansons alt-country, semble un véritable monstre de patience qui ne peut que forcer une béate admiration. On comprendra bien cependant que ce quinquagénaire,
si doux et prévenant avec sa moitié, éprouve parfois le besoin de passer ses nerfs sur quelqu’un. Le bouc émissaire était tout trouvé en 2004 et c’est le pauvre G.W. Bush (voir le premier titre de l’album) qui hérite de cette tâche ingrate en devenant le leitmotiv de cet album, à l’intérêt par ailleurs limité. Musicalement, on est évidemment bien loin des Jaywahks, et bien loin aussi des magnifiques complaintes, pleines d’une Amérique dénudée, troussées entre un violon, un harmonica, une mandoline et une guitare, comme sait pourtant en concocter notre homme (et dont on trouvera notamment un superbe recueil dans l’anthologie "Creekdipping for the First Time"). Ici, c’est plutôt au Dylan vieillissant de "Slow Train Coming" qu’on peut songer, et en matière de concentré d’Amérique, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus alléchant. Ça reste respectable, mais relativement anecdotique. Et au bout de la petite demi-heure que dure l’album, on ne sait plus très bien contre qui on est énervé… George Bush ou Victoria Williams ?
Jean-Charles Dufeu
Poor GW
Walk with Them
Duck Hunting
Senator Byrd Speech
Where is my Baby Boy
George Bush Industriale
Saw Song
Portrait of a Sick America
My Father Knows Foes
The End of the Highway
Coming, Coming