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Disques

Baxter Dury – Floorshow

BAXTER DURY – Floorshow
(Rough Trade / PIAS) – acheter ce disque

BAXTER DURY - FloorshowAlors que tant d’autres s’évertuent à faire vrombir des guitares nostalgiques, Baxter Dury préfère suivre une voie plus personnelle, sans doute vacciné par les éructations punk de feu son père, Ian Dury. Depuis la sortie de son premier opus "Len Parrot’s Memorial Lift" en 2002, Baxter a su prouver qu’il était davantage que le "fils de", sachant s’entourer à chaque projet musical de personnalités avisées (Geoff Barrow et Adrian Utley pour le premier, Damon Reece et Mike Mooney pour le second) mettant en valeur son propre univers artistique.
Malgré l’auréole placée au-dessus de la tête de son auteur, "Floorshow" déçoit : production amorphe, voix mornes, attitude velléitaire… Le disque ne décolle jamais vraiment, pire, après l’intro enlevée "Francesca’s Party", il sombre lentement dans une sorte de torpeur narcoleptique, digne d’une fin de soirée éteinte où personne ne se gêne pour réprimer un bâillement sonore. Constat d’autant plus incompréhensible que tout le potentiel est là : les guitares inspirées des ex-Spiritualized, une basse new-wave, une batterie métronomique, bref, de quoi faire jaillir quelques hymnes joliment entêtants et intemporels. Il y a comme une malfaçon dans ce disque, comme si le volume sonore avait été involontairement réduit à l’enregistrement, comme si les orgues s’évertuaient à engluer la verve des compositions, comme si on préférait diluer les mélodies dans un bourdon lugubre. Et la voix de Baxter ne nous aide pas, avec cet accent cockney qui ne fait pas d’effort et ce registre nasal qu’elle ne quitte jamais. On peine franchement à comprendre les intentions de l’auteur, indiscutablement capable d’écrire de jolies pop-songs mais que le résultat final ne semble, ici, pas vraiment intéresser. Ce disque révèle, non pas de la nonchalance, mais le côté désabusé d’un jeune dandy qui a vu trop de choses bizarres autour de lui et qui n’a trouvé que la distance ou l’ironie pour en parler. Exemples probants avec "Cocaine Man" et "Lisa said" qui empruntent beaucoup à Lou Reed, grand conteur urbain d’un monde azimuté. A peine le temps de se réjouir que le disque traverse un premier passage à vide avec "Waiting For Surprises" et "Young Gods". On est à mi-parcours, l’inquiétude pointe. "Sister Sister" sauve la face et permet d’y croire encore mais la suite en demi-teinte confirme, hélas, le sentiment initial : "Floorshow", vaguement psychédélique, traîne des pieds, "Cages" fait rugir un riff lyrique sans conviction, servant d’écrin à une voix d’outre-tombe avant que le final ne se dilue complètement dans les eaux troubles du bien nommé "Dirty Water". Sous les lumières blafardes du bal, notre cavalier ondule seul, complètement absent. Et cette absence (ou cette distance) nous éloigne tout à fait de lui et de son disque. Dommage, la soirée avait bien commencé.

Luc Taramini

Francesca’s Party
Cocaine Man
Lisa Said
Waiting For Surprises
Young Gods
Sister Sister
Floorshow
Cages
Dirty Water

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