CONTROLLER 7
De la réédition de « Left Handed Straw » en 2001 à sa réapparition sur Bully Records, nous avions perdu la trace de Controller 7, mis à part quelques remix et productions pour Sole, Themselves ou Sage Francis. La sortie de l’excellent mix Bumps était l’occasion pour nous de lui poser quelques questions sur ce qu’il s’est passé pendant ce temps, avant, après
En 2000 est sorti ton « Left Handed Straw », l’un de mes albums favoris chez Anticon. C’était au temps de l’explosion du label. Pourquoi n’as-tu rien sorti depuis sur Anticon, à part des remixes pour Sole ou Themselves ?
A l’époque de « Left Handed Straw », je bossais sur des tas de trucs à la fois. Je le faisais sans grande attention, de façon plus spontanée qu’aujourd’hui. « Left Handed Straw », c’est avant tout le mix de tout un tas de projets sur lesquels j’avais bossé. La dernière mixtape que j’avais sorti datait de 1998. « Left Handed Straw », c’est le résultat des deux années qui ont suivi. J’ai bossé sur des tas d’autres choses après « Left Handed Straw », mais en même temps sur rien de spécifique. C’était aussi l’époque où je terminais mes études et où je commençais à bosser pour un centre de sans-abri. J’ai déménagé à San Francisco et j’ai moins vu les types d’Anticon. J’ai juste fait une poignée de beats et quelques remixes pour eux.
A en croire ta bio, tu as atterri sur Anticon après la découverte par Sole de l’une de tes démos. Comment cette démo est-elle parvenue à lui ? Comment es tu devenu un artiste Anticon ?
Quand Sole s’est installé en Californie, c’est P-Minus qui l’a hébergé. P-Minus tenait Atak, une boutique de disques en ligne. Je connaissais Atak et je leur ai envoyé une de mes tapes. Ils l’ont appréciée et l’ont ajoutée à leur catalogue. Sole a découvert cette tape chez P-Minus et a fini par m’appeler. Il m’a demandé de faire des morceaux avec lui. Je me suis rendu à Oakland et je l’ai rencontré, ainsi que Moodswing9, Matth, Pedestrian, Dose et Scribe. J’ai commencé à les fréquenter souvent et ils sont tous devenus mes amis.
Quelque temps après la réédition de « Left Handed Straw », Urb Magazine t’as cité parmi ses « 100 people to watch for 2002 ». Mais entre 2001 et la sortie du Expansions EP dans le deuxième semestre 2003, nous n’avons eu quasiment aucune nouvelles de toi. Que s’est-il passé pendant ce temps ?
J’ai fini mes études, j’ai quitté Berkeley et je me suis installé à San Francisco. J’ai continué à faire de la musique. J’ai produit une partie du nouvel album de Sole, Live From Rome Album, sorti en 2005. Je me suis entraîné à faire de vraies compositions plutôt que des beats. Je voulais des instrumentaux qui se suffisent à eux-mêmes, je voulais découvrir comment y parvenir. J’ai fait un remix ou deux, essayé quelques beats. Je voulais perfectionner ma musique, pas sortir un album.
Comment t’es-tu retrouvé sur Bully Records ? Je suppose que c’est par l’intermédiaire de Sixtoo.
Oui. Sixtoo m’a signalé qu’un ami à lui créait un nouveau label et m’a demandé un maxi. J’ai pensé que ça pouvait être drôle, j’ai accepté. Et finalement, c’est tout un EP qui est sorti. J’étais content du résultat.
Tu es toujours basé dans ta Californie natale ?
Oui. Je vis à San Francisco depuis 4 ans maintenant. De tous les endroits que j’ai pu visiter, la Californie est encore celui que je préfère.
Tu as sorti deux EPs depuis « Left Handed Straw ». C’est bien, mais as-tu prévu de sortir un véritable album ?
Oui, un jour ou l’autre. Mais je ne veux pas me précipiter. Je veux le faire au bon moment. Je ne tiens pas à faire un « Left Handed Straw » part 2. Je veux quelque chose de différent, je veux m’inventer des défis.
Tu n’as jamais eu l’intention de signer un album avec un MC ? Je veux dire un véritable album, à part tes collaborations ponctuelles avec Sole et Sage Francis.
Non. Je le ferais si je rencontrais le bon MC et si on trouvait le temps d’enregistrer des choses ensemble. Mais pour l’instant, je n’ai rien prévu de tel.
Raconte-nous l’histoire du mix « Bumps ». C’est ton tribut définitif aux classiques du rap ?
Ca n’est sûrement pas mon tribut définitif. J’aurais ajouté des tas d’autres choses si j’avais voulu en faire mon tribut définitif. Bumps, c’est juste ce que je faisais à côté de mes propres compositions. Quand j’en avais marre de bosser sur mes beats, je bossais sur Bumps. J’y ai passé beaucoup de temps. J’ai toujours été fan des mixes façon « cut and paste », j’ai voulu faire le mien. J’ai des tas d’autres idées dans le genre. Préparer ce mix, ça m’a aidé à réviser mes classiques hip hop. Bumps est un tribut à la musique que j’aime, mais c’est loin d’être exhaustif. En écoutant ce mix, on peut tout de même avoir une idée assez juste de la musique avec laquelle j’ai grandi.
Tu écoutes quoi en ce moment ? A part les classiques hip hop mixés sur « Bumps ».
J’écoute du hip hop, mais je peux écouter aussi n’importe quoi d’autre. J’ai écouté l’album de Gwen Stefani toute une semaine. J’écoute beaucoup de rock psychédélique et de pop bizarre. Autrefois j’écoutais beaucoup de rock indé, mais c’est quelque chose que j’ai un peu lâché ces derniers temps. J’adore écouter des musiques très différentes. Le nouvel album d’Elektro4 est vraiment bon. Je l’aime vraiment beaucoup. J’achète au moins 10 albums par semaine, il y a donc de tout. J’ai également écouté beaucoup de vieux hip hop ces derniers temps.
A l’époque de « Left Handed Straw », tous les francophones ont noté l’extrait des « Marquises » sur « Test #5 ». Nous autres Français (ou Belges) voudrions ton avis sur Brel, savoir si tu es fan.
Je ne suis pas un grand fan de Jacques Brel, mais je l’aime bien. J’avais acheté son album uniquement pour le sampler, mais j’ai vu qu’il y avait de bons trucs. Je ne comprends pas ce qu’il chante, je n’ai jamais pris le temps d’apprécier ses paroles. Je sais juste qu’il est très populaire en France. La musique française a souvent de très bons arrangements, de belles parties orchestrées, et j’aime ce genre de chose.
Tu as déjà joué live en France ? C’est prévu un jour ou l’autre ?
Non, je n’ai jamais joué en France. J’ai visité Paris, mais je n’y ai jamais donné de concert. J’adorerais le faire. Si quelqu’un veut me faire venir, qu’il me contacte. Le jour où je sortirai un album, une tournée suivra. J’espère qu’elle passera par l’Europe.
Un message aux Français pour clore cette interview ?
Merci à tous ceux qui ont soutenu ma musique. J’espère vous rencontrer bientôt.
Propos recueillis par Sylvain Bertot