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Disques

Fifths of Seven – Spry From Bitter Anise Folds

FIFTHS OF SEVEN – Spry From Bitter Anise Folds
(Les Disques du Soleil et de l’Acier/ Chronowax)

FIFTHS OF SEVEN - Spry From Bitter Anise FoldsBon, ça va être dur mais je vais essayer. Je vais essayer de chroniquer ce premier album de Fifths Of Seven sans trop parler du label Constellation, de Godspeed You Black Truc ou de A Silver Mount Zion (avec ou sans Tralalala Band). Il faut dire que c’est un écueil tres difficile à éviter puisque les membre de Fifths Of Seven sont canadiens et collaborent avec les groupes précités. Pourtant, passé les premières impressions – musique instrumentale, mélancolique et torturée – la comparaison ne paraît pas si évidente. La musique du trio (Beckie Foon au violoncelle, Rachel Levine à la mandoline et Spencer Krug aux claviers) est plus inhabituelle, moins formatée que celle des désormais ennuyeuses formations post-rock-avant-math-neo-classiques qui pullulent.
Première différence, le groupe ne joue pas dans la surenchère du pathos, la musique est lente et mélancolique il est vrai, mais elle est aussi réservée et timide (si ce terme peut s’appliquer à une chanson). Ensuite, les ambiances de ce disque semblent plus européennes, plus folk que post-rock. Pas d’enchaînement lent/rapide, sourdine/feedback ici, mais plutôt des suites douces et nostalgiques où la mandoline éclaire la mélodie sombre, où le piano rythme de ses drones les ambiances étouffantes. Ce trio qui aurait pu n’être qu’un énième "side-project" sans grand intérêt se révèle être un vrai groupe, cohérent et attachant, qui a su trouver une dynamique interne harmonieuse, une entente cordiale parfaite où chacun trouve sa place naturellement autour de thèmes communs. "Rosa Centifolia", le premier morceau, en est un exemple parfait. Dès la première minute, on se sent transporté vers les rivages ensoleillés de vacances passées avec l’orage qui gronde en sourdine dans le lointain. "Sweet Grace For Devious" et son violoncelle dominant rappellent The Rachel’s par ce funanbulisme constant entre musique de chambre et expérimentation. Après quelques titres le disque devient paranoïaque, les mélodies inconfortables, rugueuses, mais toujours intrigantes ; les thèmes répétés encore et encore ne font qu’augmenter cette angoisse fascinante, avant que "Echoes From a Wandered Path" ne rechauffe (légèrement) l’atmosphère pour mieux lancer l’album dans le chaos tendu mais moyennement convaincant de "Bless Our Wandering Dreamers".
Ce premier album de Fifths Of Seven est une très bonne surprise. Je dois l’avouer, je ne pensais pas prendre autant de plaisir en l’écoutant. Entre "Lullaby for Sue" des Clogs, musique balkanique et faux airs de The Rachel’s, Beckie, Rachel et Spencer ont trouvé une nouvelle voie, sombre, dérangeante mais aussi charmante et intriguante qui, sans être révolutionnaire, ne manque pas d’originalité et invite à une suite.

Gildas Le Pallec

Rosa Centifolia
Sweet Grace for Devious
Out from Behind the rigid bellows
Waiting
Coeur, Arteries and Veins
Echoes from a Wandered Path
For you Alone in the Emoldering City
Bless our Wandering Dreamers

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