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Outrageous Cherry – Our Love Will Change The World

OUTRAGEOUS CHERRY – Our Love Will Change The World
(Rainbow Quartz / DG Diffusion) – acheter ce disque

OUTRAGEOUS CHERRY - Our Love Will Change The WorldEnième éruption d’un rock garage natif de la scène de Detroit (White Stripes en tête de pont), Outrageous Cherry ne déroge pas à la règle en vigueur, celle d’escogriffes revisitant inlassablement le patrimoine musical des sixties, hésitant entre le flower power de San Francisco et les guitares crasseuses des Stooges. Emmené par un leader charismatique, Matthew Smith, ayant trempé sa guitare dans le cambouis de plusieurs formations locales (Epic Soundtracks, Warren Fever, Volebeats Up North), ce quatuor, auteur de trois albums depuis 1993, reste résolument marqué par l’écriture du Velvet, des Byrds et de Jefferson Airplane, au point de sonner comme ses aînés et d’en singer les manières (pochette pop art, batterie sans cymbales à la "Moe" Tucker).
Bienvenue, donc, dans cette friperie vintage exhalant le parfum d’un âge d’or révolu qui, à l’heure où l’on découvre l’obscur groupe d’Anton Newcombe et que le monde se pâme d’admiration devant le néo-baba Devendra Banhart, montre le traumatisme laissé par les années 60. Signe des temps, d’une misère idéologique ou culturelle, éternel recommencement… On peut se perdre en conjectures. Malgré les mimiques un peu datées et les ficelles énormes, Outrageous Cherry possède le don de trousser des mélodies attachantes tantôt ensoleillées ("Why Don’t We Talk About Something Else") tantôt urgentes ("Unless") à grand renfort de tambourins, de soli de guitares fuzz éhontés et de chœurs planants, limite fraternels. Bien sûr tout n’est pas inoubliable. Il y a des répétitions (la collision mélodique entre "You’ve Been Unkind" et "The Unchanging Frequency") et surtout un gros passage à vide sur la fin ("You’re A Reflection of Infinite Chaos", "What Have You Invented Today", "Calling"). Pourtant d’assez belles surprises attendent l’auditeur et justifient qu’il s’attarde sur le disque. L’intro tempétueuse "Pretty Girls Go Insane" avec ses cuivres piqués aux Saints (période "Prehistoric Sounds"), les hymnes fédérateurs que sont "Our Love Will Change The World", "Trouble Girl", l’instrumental électrisé "Detroit Blackout", nappé d’orgues antédiluviens, et surtout "(You’re Not) A Nice Girl" que des guitares aquatiques propulsent au-dessus de la mêlée, faisant croire, l’espace d’un instant, qu’Outrageous Cherry serait presque capable d’écrire des standards s’il était né à la bonne époque. Malheureusement, en 2005, on sait définitivement que l’amour ne suffira pas à changer le monde. Notez, le Velvet pensait déjà de même en 1969. Cependant, par goût d’une nostalgie qui n’est même pas la nôtre (sont trop forts ces hippies), on se laisse séduire mais pas subjuguer.

Luc Taramini

Pretty Girls Go Insane
(You’re Not) A Nice Girl
Detroit Blackout
Unless
You’ve Been Unkind
Why Don’t We Talk About Something Else
Trouble Girl
Our Love Will Change The World
The Unchanging Frequency
You’re A Reflection of Infinite Chaos
What Have You Invented Today ?
Calling

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