RICHARD HAWLEY – Cole’s Corner
(Mute / Labels) [site] – acheter ce disque
"Il est comment, le nouveau Richard Hawley ?", ai-je demandé à un confrère et néanmoins ami, qui a eu le disque quelques jours avant moi. "Comme les précédents", m’a-t-il répondu, s’empressant d’ajouter : "Et c’est ça qui est bien." On confirme : "Cole’s Corner" offre onze nouvelles variations sur des thèmes déjà largement traités dans les impeccables "Late Night Final" et "Lowedges", le passage de Setanta à Mute relevant de l’anecdote. Les fans – dont on doute que le cercle s’élargisse beaucoup avec ce disque, à moins d’un matraquage peu vraisemblable sur les FM – seront donc ravis, et la légère impression de redite ne devrait pas les déranger outre mesure. Pour ceux qui auraient raté les premiers chapitres, disons que Hawley – ex-Longpigs, membre honoraire de Pulp, grand pote de Jarvis Cocker – est le crooner anglais ultime (avec Paul Quinn, qui est écossais et, hélas, muet depuis des années), doté d’une voix de baryton à fendre les pierres et d’une aimable propension à la mélancolie, comme tout natif du Yorkshire qui se respecte. Un immense chanteur et un songwriter racé qui, pendant des années, n’aura été qu’un guitariste très demandé mais plus ou moins anonyme, pensant que ses chansons n’étaient pas assez dans le vent pour plaire.
C’est sûr, les amateurs de sons neufs et modernes et de rock qui se danse peuvent passer leur chemin : comme les précédents, donc, "Cole’s Corner" n’est fait que de matières nobles et indémodables, travaillées avec la fière humilité de l’artisan. Le morceau-titre en ouverture orchestrale, qui jumelle Sheffield et Las Vegas sous le haut patronage de Jimmy Webb, et la clôture instrumentale, une berceuse traditionnelle où un piano nimbé d’écho fait la fermeture du pub ("Last Orders"), délimitent assez précisément le territoire qu’arpente Richard Hawley : une ville connue par cœur et riche de mille histoires ordinaires, comme Wichita ou Phoenix. Entre les deux, il revisite la country avec une classe digne d’Edwyn Collins ("Just like the Rain", "I Sleep Alone", "(Wading Through) the Waters of My Time"), rend visite à Roy Orbison, Del Shannon, Dion et autres incurables romantiques des fifties et early sixties ("Hotel Room"), et sonde à grands coups de cordes les abysses déjà explorés par Scott Walker ou Sinatra (le sublime single "The Ocean"). Pas de quoi parader avec la énième nouvelle vague du rock anglais, mais on veut bien croire que notre homme s’en moque, conscient que ses grandes chansons sur de petites vies ont l’éternité pour elles.
Vincent Arquillière
Cole’s Corner
Just like the Rain
Hotel Room
Darlin’ Wait For Me
The Ocean
Born Under a Bad Sign
I Sleep Alone
Tonight
(Wading Through) the Waters of My Time
Who’s Gonna Shoe Your Pretty Little Feet?
Last Orders
Richard Hawley vient passer cinq nuits en France – POPnews
[…] concerné par son seul nombril pour être réellement innovant ou sincère. »L’écoute de “Coles Corner”, en 2005, nous ravissait tout autant : « comme les précédents, [le disque] n’est fait que de […]