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Fog – 10th Avenue Freakout

FOG – 10th Avenue Freakout
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FOG - 10th Avenue FreakoutC’est bien connu, il y en a qui préfèrent qui préfèrent le voyage à la destination. Andrew Broder, alias Fog, est peut être de ceux-là, du moins c’est ce que laisse penser l’écoute de ce nouvel album.

L’exercice consistant à concilier expérimentation et émotion est toujours délicat , mais Fog parvient la plupart du temps à ce fragile équilibre, dans une oeuvre qui apparaît comme une lente plongée, douce et onirique tout autant qu’hallucinée.
A posteriori, on peut se dire que cette orientation pouvait déjà légèrement transparaître sur une poignée de morceaux qui clôturaient le LP d’Hymie’s Basement, résultat de sa collaboration avec Why ?
Cela dit, il reste capable de simplement produire (si l’on ose dire !) de superbes chansons de guingois, tel "The Rabbit", à la fois direct, puissant et ironique, ou le déchirant "We?re Winning", deux des sommets du disque.
Mais le délicat et délicieux "Song about a Wedding", en ralentissant soudainement le tempo, fait déjà office de dernier refuge et de prélude au largage définitif des amarres.

Ensuite, on s’enfonce, ou plutôt on s’élève, on ne sait plus très bien… On a froid mais on transpire, on a chaud mais on grelotte (les symptômes d’une mauvaise fièvre ?). Les volutes jazz deviennent de plus en plus free, les beats se fondent (plus qu’ils ne s’empilent) dans des plages atmosphériques d’où surgissent des jaillissements électro, des saillies mélodiques ou des nappes de cordes.

On songe alors – c’est le cas de le dire ! – parfois à du Eno remixé par Sonic Youth (!), ou l’inverse ("Small Burn"), ou plus souvent à une sorte d’Alice au Pays de Twin Peaks, la cohabitation de l’étrange, de l’angoissant ("Holy Holy Holy") et du merveilleux renvoyant au meilleur de l’univers Lynchien.

Reste que l’auditeur pourrait émerger hagard de ce qui est susceptible de paraître au premier abord comme une somme indigeste. Et cette errance réserve bien sûr quelques fausses pistes (la voix vocoderisée sur "A Murder"), mais sans qu’on s’y perde bien longtemps. S’il est difficile d’en extraire les temps forts, on pourra par contre retenir l’émouvant "Hummer", ou l’ascensionnel "The Poor Fella".

Et, sans qu’on sache très bien où on est arrivé et pourquoi, c’est paradoxalement une sorte d’enchantement, plus délicat que béat, qui prévaut à la sortie. Sans doute le signe des plus belles expériences.

Marc Schmit

Can you Believe It
We’re Winning
10th Avenue Freakout
The Rabbit
Song about a Wedding
Holy Holy Holy
The Small Burn
Hummer
O Telescope
Goody Gundrops
The Poor Fellow
A Murder
The Holly Gully

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