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Disques

Richmond Fontaine – The Fitzgerald

RICHMOND FONTAINE – The Fitzgerald
(El Cortez Records) [site] – acheter ce disque

RICHMOND FONTAINE - The FitzgeraldEuh, je ne sais pas moi, le "Nebraska" des années 2000, cela vous intéresse ? Oui ? Je me disais aussi… Parce que c’est cela qu’ont réussi les membres de Richmond Fontaine, sympathiques chevelus de Portland, dont les cinq disques à ce jour, même agréablement ciselés de pop américaine à la Paul Westerberg et nantis de titres délicieusement évocateurs ("Winnemucca", mmmhh) ne prédisposaient assurément pas au choc que constitue la découverte de "The Fitzgerald". Thématiquement, ce sixième album continue à tracer le sillon de l’expressionnisme velu (à la Springsteen justement), tout en perpétuant cette tradition de description des épreuves du petit peuple américain, qui va, pour la faire courte, de Woody Guthrie à Raymond Carver. Stylistiquement, c’est autre chose : onze chansons de folk brut et froid, toutes extraordinaires et toutes empreintes d’un classicisme qu’on désespérait de croiser à nouveau un jour. La première impression, au-delà de mélodies tellement étonnantes de simplicité qu’on se demande pourquoi personne n’y a pensé avant ("Wellhorn Yards", "Black Road", "Laramie, Wyoming"), est celle d’une musique totalement nue et éviscérée, la voix désespérément fêlée de Willy Vlautin contribuant largement à cette sensation d’absolu dépouillement. Pas d’erreur pourtant : si dans "Nebraska", les grincements de la chaise de l’interprète participaient de l’expérience auditive et du remplissage des pistes, "The Fitzgerald" n’est ascétique qu’en apparence. Ici, une nappe d’harmonica tombe sur la chanson comme la brume lors d’une soirée d’hiver ("Laramie, Wyoming"). Là un violon siffle doucement la fin d’une nuit de bacchanales alcoolisées ("Casino Lights") ou un duo accordéon-cymbales accompagne le lent glissement vers la folie du héros de "Disappeared" – sans parler du piano de JD Foster, qui draine derrière lui plus de fantômes qu’une chanson de Tom Waits ou un discours de Malraux. La note d’espoir au final ("Making it Back") permet à peine de respirer un peu d’air au sortir d’une expérience aussi éprouvante qu’inoubliable. Vraiment exceptionnel – et en plus la pochette est superbe.

Jean-Christophe

The Warehouse Life
Wellhorn Yards
Black Road
Incident at Conklin Creek
Disappeared
Casino Lights
Exit 194B
Laramie, Wyoming
The Janitor
Don’t Look and It Won’t Hurt
Making it Back

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