SOUTH SAN GABRIEL – The Carlton Chronicles
(Munich Records / Nocturne) [site] – acheter ce disque
Le teasing commence à être connu mais on peut encore s’en servir. "The Carlton Chronicles" est une allégorie musicale d’un célèbre proverbe anglo-saxon (Curiosity killed the cat), le disque racontant l’histoire d’un chat nommé Carlton qui, après des pérégrinations mouvementées à la découverte du vaste monde (il se blesse à une patte), décide de rentrer panser ses plaies sur le moelleux sofa familial et d’attendre le vétérinaire, sur l’air de "on n’est jamais mieux ailleurs que chez soi à ronronner pendant que le feu crépite dans l’âtre". La morale est un peu rance ? Qu’on se rassure, le disque ne l’est pas – ce qui n’étonnera personne de la part de South San Gabriel, le side-project roots du leader protéiforme de Centro-Matic Will Johnson, auteur en 2003 du merveilleux "Welcome Convalescence". Les deux albums sont pourtant aussi différents l’un de l’autre que la Duchesse des Aristochats l’est de Tom O’Malley : là où le précédent fouraillait vos blessures avec une cruauté toute oldhamienne, "The Carlton Chronicles" les lèche – normal, me direz-vous, pour une histoire de chats. Will Johnson a également renoncé aux dissonances bruitistes qui parsemaient "Welcome Convalescence" au profit d’arrangements plus fluides, de tempos plus flâneurs et d’interventions instrumentales moins atrabilaires et plus indolentes. Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est la voix de Will Johnson (on aime ou pas : le choix n°2 est compréhensible), heureusement doublée par les intonations graves de Brent Best, et cette capacité à trousser de somptueuses ballades qu’on pourrait reprendre à la veillée si on ne sentait pas la fêlure derrière – les trois derniers titres ("I Feel Too Young to Die", "Stupid Is as Stupid Does" et "Sicknessing") se révélant ainsi comme des merveilles de songwriting à la Neil Young avec toutes les connexions neuronales intactes. A se friser les moustaches – sauf si vous trouvez la métaphore féline un peu pénible à la longue.
Jean-Christophe Mauger
Charred Resentment the Same
Predatory King Today
Affection’s the Pay
The Dark of Garage
I am Six Pounds of Dynamite
This Rookie Runs
I Feel Too Young to Die
Stupid Is as Stupid Does
Sicknessing