KATE ROGERS – Second
(Grand Central / PIAS) [site] – acheter ce disque
Il y a deux types d’albums de reprises : ceux dont l’objectif est de faire une pause quand l’inspiration se tarit ou qu’il faut solder un contrat ("Cover Magazine" de Giant Sand, "Relations " de Kathryn Williams) et ceux qui cherchent, souvent par le choix des titres retenus, à porter une ambition artistique et/ou conceptuelle ("Moondog Matinee" du Band ou "Kicking Against the Pricks" de Nick Cave). Traditionnellement, les artistes préfèrent que leurs albums de covers soient considérés comme appartenant à la seconde catégorie mais, outre qu’il n’y a aucun mal à se faire plaisir en studio, Kate Rogers aura du mal à nier que "Seconds" relève plutôt de la première. Le casting des chansons sélectionnées par la folkeuse canadienne de Grand Central est en effet aussi hétéroclite que certaines coalitions électorales récentes – il s’étend des Smiths à Blink 182 et ce n’est même pas une figure de style – et même si elles sont soumises à un traitement musical homogène (contrebasse bourdonnante, jolie voix bien en avant, guitares de coin du feu), on a peine à distinguer dans "Seconds" assez de personnalité et de tempérament pour s’y intéresser bien longtemps. Pour le reste, la relation que vous instaurerez avec ce disque dépendra pour une large part de vos accointances avec les versions originales : par exemple, mon peu d’intérêt pour les Smiths ou Radiohead me permet de trouver supportables, voire intéressantes, les versions de "Big Mouth Strikes Again" des premiers et de "Climbing up the Walls" du second mais mes illusions disparaissent rapidement au détour d’une reprise de "Here Comes Your Man" des Pixies totalement débarrassée de son potentiel euphorisant, ou de celle de "Broken Arrow" de Buffalo Springfield expédiée comme si elle était encore intacte (déjà, l’idée d’une version exclusivement acoustique de cette chanson donne envie de se laisser pousser la barbe et de lancer des fatwas). La meilleure idée de Kate Rogers, malgré tout ? Interpréter une chanson de Green Day ("Brain Stew") et y croire suffisamment pour que la cuirasse se fendille et qu’un petit frisson passe. Mais tout petit, alors.
Jean-Christophe
Big Mouth Strikes Again
Climbing up the Walls
Sail
Here Comes Your Man
Big Me
Broken Arrow
Miss You
Brain Stew
Nothing Appeals to me Here