THE NATIONAL
Ca fait plaisir. Ce soir, dans un Café de la Danse qui affiche complet, les gens sont venus pour eux – ce n’est pas faire injure à That Summer et Flotation Toy Warning – et pour qui se souvient du public crispé qui les avait accueillis en première partie de Low il y a deux ans et demi, voir le groupe défendre en tête d’affiche son nouvel album, déjà salué un peu partout par la critique et le public, est assez jubilatoire. Qui plus est, le concert est… comme d’habitude. Retour quelques heures plus tôt, dans les loges du Café de la Danse. Bryan nous a laissés tomber, Padma déambule on ne sait où, ce sont donc Matt, Scott, Bryce et Aaron qui répondent à un pauvre reporter aphone.
Il y a un truc avec vos albums. La première fois qu’on les écoute, on les trouve bons, et puis ensuite, plus on les écoute, meilleurs on les trouve, même deux ans après dans le cas de « Sad Songs for Dirty Lovers ». Vous avez une explication à ça ?
Aaron : Les gens nous disent souvent ça, que plus ils les écoutent, plus ils les aiment. Ca tient peut-être à l’alchimie qu’il y a entre nous et qui entre dans la création des disques.
Matt : Quand on enregistre un morceau, qu’on l’écoute, et qu’on a l’impression qu’il nous est familier, qu’on l’aime immédiatement, on trouve ça suspect. Donc on le reprend et on essaie de le pousser plus loin, de le rendre plus surprenant. Dès que ça devient un peu bizarre, on sait que c’est probablement plus intéressant. Du coup, quand tu l’écoutes pour la première fois, tu ne l’apprécies pas complétement immédiatement. Ce n’est pas de l’instant-pop. Ce serait des morceaux dont on se lasserait vite. Si la chanson prend du temps à se dévoiler à nous, alors on sait qu’elle aura certainement une durée de vie plus longue.
Il y a des chansons du deuxième album dont vous vous êtes lassés ? Vous ne jouez plus beaucoup de chansons du premier sur scène…
La plupart du temps, quand nous répétons des titres plus anciens, nous nous rendons compte que nous les apprécions toujours. Il n’y en a pas que nous n’avons plus envie de jouer, mais nous préférons jouer nos nouveaux morceaux, parce que ce sont nos nouveaux morceaux, que nous pensons écrire de meilleures chansons maintenant.
Aaron : Il y a des chansons qui sont aussi plus intéressantes à jouer sur scène et des chansons que les gens aiment sur disques mais que nous n’aimons pas jouer sur scène car ce serait trop compliqué, comme certaines chansons de « Sad Songs », qui utilisent un peu d’électronique.
Vous avez sorti le EP « Cherry Tree » en juin 2004, à mi-chemin entre les deux albums. Vous avez envisagé ce disque un peu à part de manière spéciale ?
Les sessions d’enregistrement pour « the Cherry Tree » datent de janvier 2004. En fait, certaines chansons d' »Alligator » datent de la même période, comme « Lit Up », « All the Wine » ou « Karen ». Je ne sais pas si nous les avons écrites différemment. Nous avions ces chansons que nous aimions beaucoup, que nous trouvions très intenses, et nous voulions faire un disque supplémentaire avec Talitres et Brassland. Nous savions que nous allions signer avec un plus gros label. Padma nous a envoyé une chanson d’Australie, et nous l’avons tellement aimée que Matt a chanté par-dessus et nous l’avons mise sur le disque.
Pour « Alligator », Padma est venu enregistrer avec vous quand même ?
Oui, il a passé deux mois avec nous pour enregistrer.
Vous avez passé deux mois à enregistrer ? Comment s’est passé l’enregistrement ?
Matt : Nous avons enregistré dans pas mal d’endroits, des lieux où nous nous sentions à l’aise plutôt qu’un gros studio très coûteux. Nous avons enregistré la batterie et la basse dans notre studio de répétition, à Brooklyn, et ensuite nous avons enregistré dans une grande maison qui appartenait à la sœur de Bryce. Quand il a fallu mixer, nous sommes retournés chez Peter Katis, qui avait travaillé avec nous sur « Sad Songs for Dirty Lovers » et où nous avions mixé « the Cherry Tree ». Des endroits où nous nous sentions bien. Mais cela n’a pas pris deux mois d’un bloc, cela a été par petites tranches.
Le fait que vous ayez signé sur un plus gros label n’a rien changé à votre façon de travailler ?
Aaron : Les choses sont allées plus vite. Nous n’avons pas eu à nous préoccuper d’argent, nous pouvions faire ce que nous voulions.
Bryce : Personne n’est intervenu dans notre processus créatif, il n’y avait pas de producteur pour nous dire de faire ça ou son contraire.
Vous n’avez pas ressenti de pression du fait de devoir répondre aux attentes de Beggars ?
Aaron : On voulait surtout répondre à nos attentes à nous. Pour ce qui est de Beggars, on savait qu’ils aimaient beaucoup le groupe, et qu’ils aimeraient ce qu’on avait fait à partir du moment où nous-mêmes en serions satisfaits.
Il y avait d’autres labels sur les rangs pour vous signer ?
Oui, mais Beggars a été le premier et le plus entreprenant. Quand « Cherry Tree » est sorti, Roger s’est manifesté. Il avait déjà aimé « Sad Songs ». En juin 2004, Il est venu nous voir jouer à Londres, puis a pris l’avion pour venir le lendemain au Nouveau Casino, et il a adoré.