LIVING LEGENDS – Paris, Le Nouveau Casino, 7 juin 2004
Tous ceux qui y étaient se souviennent du 16 Décembre 2002. Dehors, cétait lhiver. Mais dedans, cétait chaud. Très chaud. Pour leur premier concert en France, les Living Legends avaient fait chavirer le Batofar. Littéralement. Dans une salle bondée, les légendes californiennes avaient réconcilié hip hop heads et fans de nerd rap le temps dun concert danthologie. Tous ceux qui ont assisté à ce premier concert parisien – et ils étaient étonnamment nombreux compte tenu de la faible notoriété des Legends en France – se devaient de venir au deuxième, mardi 7 juin au Nouveau Casino. Pourtant, cette nouvelle date a peu mobilisé. Examens ? Préférence pour le concert avec KRS One deux jours après ? Autre ? Difficile à dire.
Autre différence notable : le DJ set. A la place de DJ dEtEcT et de son cocktail de hip hop underground californien, voici DJ Kozi, membre de la Zulu Nation et DJ de Kohndo (nous signale-t-on, je ne laurais pas trouvé tout seul) avec son mix on ne peut plus classic hip hop. La sélection est plus que potable. Rien à dire. Elle donne même envie occasionnellement, de se replonger dans nos bons vieux De La ou Cypress Hill, voire de se remettre illico à Das EFX (dont je nai pourtant jamais été fan). Mais voilà, cest long, très long, terriblement long.
Ce nest donc quaprès deux heures et demie dattente que les Living Legends sont annoncés. Ou tout du moins les trois quarts dentre eux, car ce soir Murs et Asop ne seront pas de la partie. Le premier à entrer en scène est Bicasso. Il installe son chevalet dans un coin et, comme si de rien n’était, se met à peindre deux jolis dessins. Il y reviendra régulièrement tranquillement, tout au long de son set, entre deux raps. Et à la fin, il tentera de les vendre. Malgré toute la sympathie que jai pour le bonhomme, jespère très sincèrement que personne naura osé acheter ça…
Après deux ou trois messages de DJ Fab, le Monsieur Loyal des soirées Hip Hop Resistance (préférons les disquaires qui proposent du Black Moon pressage vinyle dorigine à ceux qui vendent des disques avec des femmes à poil, en gros), le show commence. Une fois que Lex, leur DJ, a bien chauffé la salle, les cinq autres Legends font leur entrée. Et cest reparti pour la tuerie dil y a deux ans et demi. Pour un putain de show rap, avec des doigts levés, des put your hands up, des mecs qui sautent, des bouteilles deaux vidées sur laudience, des – hum – fuck Bush, et même un brin de chorégraphie. Bref, tout lattirail habituel du concert de hip hop, mais en bien. Avec la flamme, lenvie, la gentillesse, les jeux avec le public. Agrémenté de petit détails maison (le chevalet, une batte de base-ball). Et surtout, de chansons, de raps quune fois entendus sur disque, on rêve de voir prendre forme sur scène.
Actualité oblige, ce ne sont pas les classiques du groupe qui défilent ce soir. Mais Classic, lalbum, le dernier, ainsi que des extraits des disques les plus récents, un titre du dernier Sunspot Jonz par exemple, ou le « Crossroads » de lexcellent dernier album d’Eligh (Enigma). Seuls un extrait dAlmost Famous et linusable « Chronic », font office de valeur sûres un peu anciennes ce soir. Le reste est moins mobilisateur. Mais peu importe, nous ne sommes pas venus écouter le best-of des Legends, nous sommes venus les voir sur scène. Et là rien à redire. De la fièvre, de la fougue, du bonheur, rien que du bonheur. Jusquau dernier rappel, « Never Fallin », le titre le plus épique du dernier album, interprété avec des poses de statues et clos par un final où chaque MC se retrouve adossé à un autre.
PS : au fait, cette fois, deux ans et demi plus tard, il a compris. En 2005, The Grouch na pas osé remettre son maillot de lOM en plein Paris.
Sylvain Bertot