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Disques

The Clerks – s/t

THE CLERKS – The Clerks
(Autoproduit)

THE CLERKS - The ClerksSi certains groupes évoluent depuis longtemps en CFA sans jamais entrevoir la moindre porte de sortie, il en existe qui, de par leur fraicheur salvatrice et leur bon goût, peuvent espérer atteindre des sommets en Coupe de France. Un peu comme The Clerks, charmante formation autoproduite à qui l’on peut prédire un avenir radieux.
Difficile d’être catégorique à l’écoute de leur oeuvre, l’excellence de certains titres alterne avec l’aspect soporifique d’autres, mais dans l’ensemble les Parisiens s’en tirent haut la main. On laissera donc de côté les morceaux un peu fades ne disposant pas d’une identité assez forte pour sortir la tête de l’eau et capter l’attention – comme "Long Lost Wind", un titre ouvertement garage qui pêche un peu par son manque d’énergie et son tempo mou du genou – pour s’intéresser de près aux petits joyaux dissimulés ici et là.
Celui qui arrive en tête est sans aucun doute "Outbreak 1", un single en puissance, véritable centre d’attraction autour duquel gravite tout l’ensemble. D’emblée on est séduit, pas besoin de se forcer à écouter le titre des dizaines de fois pour être accroché par cette vague noisy sur laquelle surfe toute l’adorable panoplie du groupe cool. Elle prend la forme d’un brouillard diffus à travers lequel est poussé un long cri strident, mi-humain mi-instrumental, sorte d’écho de la délicieuse voix féminine qui s’installe par la suite. Cette légèreté doublée d’un aspect plus viscéral, emprunté directement au punk, fait planer le spectre de Sonic Youth : ce qu’on retrouve ici est gorgé d’électricité, toujours très nerveux, comme n’oublient pas de nous le rappeller les coups de massues assénés violemment par la batterie à la manière d’un métronome imperturbable C’est concis, percutant, charmeur, on ne s’en lasse pas, on en redemande. Et justement, les surprises ne manquent pas parmi ces huit titres, au fil des écoutes, l’ensemble laisse transpirer une ambiance propre, s’articulant subtilement autour du meilleur de la cold wave. Les voix paraissent lointaines et désincarnées, elles inquiéteraient si la douceur féminine des unes n’était pas là pour s’opposer à l’apreté masculine des autres. Elles glissent au fil des morceaux sur un rythme destructuré, à la fois répétitif et envoutant, tandis que les sonorités abrasives de la guitare apportent fièrement leurs pierre à l’édifice, toujours au bon moment. Sur ce modèle (le meilleur aspect du groupe) on retiendra le magnifique "The Dissidents", véritable transe hypnotique, ou encore le très beau "Car Tired" dont le "Driving me crazy!" répété indéfiniment rappelle bizaremment la rage des new-yorkais de The Rapture sur "Heaven" ("Driving me sane!"). Classe.
Après ce premier jet plus que prometteur, il ne nous reste plus qu’à saliver sur le résultat que donnera ce concentré de talent passé à la table de mixage (on espère qu’un bienveillant label s’en chargera rapidement). Imaginez qu’un Steve Albini passe par là…

Kevin Le Gall

The Dissidents
Long Lost Wind
Outbreak 1
No 1 2 Us
The Backdoor
One
Car Tired
The International Trust

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