MINOTAUR SHOCK
Ancien fer de lance du label Melodic et nouvelle signature de 4AD, Minotaur Shock sort ces jours-ci son deuxième véritable album, « Maritime ». Comme le nom du disque l’indique, c’est la mer qu’on voit danser le long de ces onze compositions electronica légères et ludiques. Rencontre avec David Edward, en visite parisienne…
Ma première question ne va pas être très originale : j’ai lu pas mal d’histoires à propos de la façon dont tu as commencé à faire de la musique… ou plus exactement plusieurs versions de la même histoire. Laquelle est authentique ?
(rires) Quand j’étais à l’université… Je n’avais jamais fait de la musique tout seul. Avant, j’avais joué dans des groupes, mais à l’université, j’étais tout seul. Et puis, j’ai rencontré ce type qui allait changer d’ordinateur. Donc il m’a donné son ancien Atari. Enfin, prêté plutôt. Mais je ne lui ai jamais rendu ! Alors au lieu d’étudier, j’ai fait mon apprentissage sur cet ordinateur.
Avant cela, tu avais joué dans des formations plus classiques ?
Oui, je jouais de la batterie dans des groupes rock, sans faire quoi que ce soit de personnel. J’avais bien enregistré quelques trucs de mon côté, sur un quatre pistes que j’avais emprunté, de la guitare, de la batterie enregistrée dans mon garage, mais pas de chant, parce que je ne sais pas chanter. Très bruyant. Mais c’était tout.
Ton premier instrument, c’est donc la batterie ?
Non, car j’ai aussi appris la guitare classique, pendant quelques temps, mais j’ai laissé tomber au bout de quelques mois. Pas assez de distorsion… J’ai commencé la batterie parce que personne d’autre ne savait en jouer et que j’étais le seul à avoir suffisamment le sens du rythme. J’empruntais une caisse claire et un charleston à l’école et j’en jouais le week-end dans le garage de mes parents. Les voisins appréciaient grandement.
Après ton apprentissage de la musique sur ordinateur, tu as commencé directement à faire ta propre musique ?
Je ne connaissais personne à l’université… je n’avais pas d’ami (rires) ! J’écoutais pas mal de musique électronique à l’époque, et je trouvais ça bien de pouvoir en faire partout, tout seul. Tu as juste besoin d’un casque.
Et très rapidement, tu es rentré en contact avec des labels ?
J’ai juste donné des cassettes de ce que je faisais à des amis. Et l’un d’entre eux a envoyé ma cassette à Melodic et à 4AD. Les deux seuls labels auxquels j’ai fait parvenir une demo m’ont signé ! J’ai signé chez Melodic d’abord, mais 4AD était déjà intéressé à l’époque. Et ils étaient toujours intéressés quatre ans plus tard, ce dont je suis très heureux.
Je ne connais pas ton premier album, mais le morceau que j’avais sur la compilation Melodic « A Room Full of Tuneful » (« Lady Came From Baltic Wharf ») était plus ambient que les morceaux de ton nouvel album, non ?
Il est à mi-chemin entre les deux albums. Il est un peu étrange à ce titre. Le premier album est un peu moins électronique, il y a plus de guitare acoustique et de glockenspiel. C’est en quelque sorte un pont entre ce que je faisais au début, très acoustique, et ce que je fais maintenant, qui est plus électronique, même s’il y a toujours des instruments live.
Les artistes signés sur Melodic donnent l’impression de constituer une petite famille, non ?
Oui, effectivement. C’était, je pense, une coïncidence, mais il est vrai que la musique de Pedro présentait des similitudes avec la mienne par exemple. Tout cela était assez frais en 2001, l’idée de mêler électronique et instruments acoustiques. Comme il y avait plus d’un artiste sur Melodic à pratiquer ce mélange, le label a hérité de cette étiquette qui n’était pas forcément entièrement justifiée.
Tu avais sorti un morceau chez 4AD aussi, en 2000, sur une compilation, et même en étant chez Melodic, tu es resté en relation avec eux, pour remixer leurs artistes par exemple.
J’étais en contact avec eux aussi, et ils m’ont demandé de participer à un concert qu’ils organisaient, la condition étant que je fournisse un morceau pour la compilation qu’ils offraient avec l’entrée pour le concert. Je suis resté en contact en permanence avec eux, j’ai fait des remixes de leurs artistes, effectivement.
Quel effet ça fait de se retrouver sur un label avec une telle histoire ?
Quand j’étais jeune, j’étais très fan des Pixies et des Cocteau Twins. Le label a eu un passage à vide à la fin des années 90, beaucoup de bons groupes sont partis, cela ne m’intéressait plus vraiment. Aujourd’hui, 4AD est presqu’un label tout neuf, avec plein de nouveaux groupes et de nouvelles personnes pour s’occuper d’eux. Ca marche bien en ce moment. Je n’associais pas ce nouveau 4AD avec l’ancien jusqu’à ce que Vaughan Olivier m’appelle pour me proposer de faire un album. « Oh, j’achetais les albums dont tu faisais les pochettes dans le temps » (rires).
A propos, à quoi ressemble la pochette de ton album ?
C’est le même illustrateur que celui qui a fait toutes mes pochettes jusqu’à présent, un ami à moi. Il a fait l’illustration, et Vaughan Olivier a fait la mise en page et l’intérieur du livret, une sorte de collaboration. Ca garde le côté « fait à la maison » de mes disques précédents, avec l’étincelle typique de 4AD en plus.