THE HOUSE OF LOVE – Days Run Away
(Art And Industry / V2) – acheter ce disque
La rumeur courrait depuis des mois que Guy Chadwick et Terry Bickers, leaders historiques de The House of Love, avaient enterré la hache de guerre pour se remettre au travail après 12 ans d’absence et pas mal de fans laissés sur le carreau. Rumeur confirmée sous forme d’un cinquième album aussi tardif qu’inespéré faisant de nouveau claquer l’étendard de la pop "eigthies". Pour apprécier pleinement ce disque truffé de mélodies enjouées, on évitera d’ergoter sur les raisons d’une telle réconciliation qui ne fait sans doute pas honneur aux talents des principaux intéressés. "Days Run Away" respire la joie des retrouvailles musicales autour du line-up d’origine (moins l’excellent bassiste Chris Groothuizen, rangé des voitures). Dès les premières notes de "Love You Too Much", on retrouve avec plaisir la voix caressante de Chadwick, les guitares tranchantes de Bickers, l’assise rythmique parfaite du très sobre Pete Evans pour un tour de chauffe prometteur. Le groupe n’a rien perdu de cette étonnante habileté dans l’écriture, et en remontre, au passage, à toute une génération d’apprentis sorciers. Une déferlante de riffs s’abat sur la platine : "Gotta Be That Way", "Wheels", "Kit Carter" avec un souffle qui nous ferait presque regretter le romantisme sombre de nos tendres années d’adolescence. Pourtant ce disque possède quelque chose de moins ampoulé que les productions d’hier (notamment "Audience With The Mind", dernière copie rendue avant le naufrage de 1994), moins démonstratif aussi (le groupe n’est plus vraiment dans la course aux singles qui fit sa gloire) et plus apaisé, comme la superbe ballade "Kinda Love" ou l’outro acoustique "Anyday I Want", digne d’une composition Lennon/McCartney. En paix avec lui-même, Bickers y épaule admirablement de sa voix haut perchée son camarade d’infortune et tous les deux signent une sortie parfaite.
Sur "Maybe You know", l’album exhale quand même un petit relent d’amertume et de frustration. Sans sombrer dans le pathos, on contemple un moment les rêves brisés de nos ex-petits génies, les seuls à avoir vraiment eu la classe dans l’ère post-Smiths. Magnifiques ensemble et anéantis séparément, Bickers et Chadwick n’ont sans doute pas fini de se chamailler et de ruminer dans leur coin, mais tant qu’ils seront capables d’un tel panache en studio (sur scène, cela reste plus discutable), leur musique a droit à une seconde chance. Ils en ont payé le prix.
Luc Taramini
Love You Too Much
Gotta Be That Way
Maybe You Know
Kinda Love
Money And Time
Days Run Away
Already Gone
Wheels
Kit Carter
Anyday I Want