METRIC – Old World Underground Where Are You Now ?
(Naïve) [site] – acheter ce disque
On peut gentiment remercier Olivier Assayas de nous les avoir fait découvrir, dans son très beau dernier film, "Clean", et d’avoir ainsi permis à ce premier album d’exister en France, deux ans quand même après sa sortie officielle (au Canada, pays d’origine du groupe, où l’album a fait, littéralement, un carton). On ne va pas insister sur cette polémique de salons mais on peut légitimement se demander ce que serait advenu ce disque (du moins dans nos contrées "hy-per" lointaines) sans le film d’Assayas ? Le capital a ses raisons que la raison ne connaît point. En tout cas pour les fans du tube "Dead Disco" (présent en live dans le film) c’est quand même une vraie bonne nouvelle de pouvoir écouter (enfin, sans être obligé de payer le prix de l’importation) cette première galette du groupe de la jolie Emily Haines.
Mais il ne faudrait pas non plus croire que ce disque (à l’image de son tube dévastateur) surfe sur la vague électro-clash bien à la mode dans les galeries d’art branchées, car il n’en est absolument rien.
On pourrait même dire, de manière peut-être provocatrice (mais pas tant que ça en fait), que ce disque sonne comme un classique de l’indie-rock contemporain, à ranger quelque part entre Cat Power et Le Tigre, tant la palette du groupe ne se limite pas aux sons sortis d’un piteux synthé (il y aurait même de vraies guitares et jouées en barré en plus, si si).
En effet, ce disque contient tous les ingrédients classieux du classique indé : des hymnes teenages dansants à reprendre en choeur ("Dead Disco" est bien le morceau frondeur absolu du disque qui illumine véritablement ce premier album, un appel extatique terrible des dance-floors en même temps qu’un ticket pour la rêverie new-wave, avec surtout ce refrain, terrible, qui ne nous lâche pas mais il ne faudrait pas non plus oublier le duo "Succexy" et "Combat disco" qui sont aussi de très beaux hits en puissance), des ballades mélancoliques (la bien nommée "Love is a Place", en clôture, à faire pleurer Courtney Love ou le très "Three Imaginary Boys" "On a Slow Night" tout en délicatesse grunge), des titres bien charpentés (au moment où, comme le dit le refrain de "Dead Disco", tout a été fait, cet album est là pour rappeler, à toute une génération de poseurs chics et tocs, comment définitivement écrire des putains de chansons dignes de ce nom), et surtout une pose lascive et définitivement rock n’roll (le break magnifique de "Iou", les déhanchements vocaux de "Succexy") que l’ont doit beaucoup à la voix hyper sensuelle de la belle Emily.
Il ne serait pas inopportun, si on veut sortir du marasme fétichiste de la nouveauté branchée, de se laisser aller à la réelle coolitude rock de ce premier album, alors que tant d’autres disques sont à peine nécessaires.
Vieux monde underground, où es-tu maintenant ? Peut-être par-là, dans ce disque…
Sylvain Courtoux
Iou
Hustle Rose
Succexy
Combat baby
Calculation theme
Wet Blanket
On a slow night
The list
Dead disco
Love is the place