Mardi 26 avril, 18h30, il pleut à torrent. Les Mauvaises Langues ont trouvé refuge dans une brasserie des Halles où je les rejoins. Hervé (bassiste), Bertrand (guitariste) et Benjamin (batteur) m’accueillent chaleureusement. En pleine promotion de leur troisième album « Peut-être un jour », la moitié du groupe est à Paris pour participer le soir même à l’émission « Ouvert la nuit » d’olivier Bernager sur France Inter.
Votre troisième album, qui vient de sortir, possède un son plus rock que les précédents, est-ce un choix particulier de votre part ?
Benjamin : Oui, nous avions envie de restituer notre énergie live. Nous sommes un groupe de scène qui dégage une certaine puissance et beaucoup de gens s’étonnent que nos disques ne la retranscrivent pas assez. Cet album est donc parti de cette exigence.
Vous avez bénéficié de moyens plus confortables pour la réalisation, comment s’est passée la rencontre avec le producteur Gilles Martin (Deus, Zita Swoon, Miossec, Dominique A) ?
Hervé : Pour les premiers disques nous étions complètement immergés dans la production sans vraiment connaître le métier et surtout sans avoir d’avis extérieur. C’était difficile de prendre du recul et d’avoir une vision d’ensemble. Il nous fallait quelqu’un capable de nous guider et de répondre à nos envies sur le travail des textures sonores. On a fait appel à l’agence Flamme à Paris, épluché le CV de plusieurs producteurs et celui de Gilles Martin s’est imposé naturellement. On lui a d’abord envoyé nos maquettes et puis on est allé le voir à Bruxelles. Dès le premier contact, le courant est plutôt bien passé. De là est né notre désir de travailler avec lui.
Aviez-vous un cahier des charges précis en entrant en studio ?
Hervé : C’était clair, on voulait un son à la fois plus ample, plus aéré sur lequel se détache chaque instrument et en même temps une énergie brute proche de la pop anglaise avec des guitares mises en avant. A Bruxelles, il y a cette approche très rock du son qui nous convient bien.
Comment s’est passé l’enregistrement du disque ?
Bertrand : le disque a été enregistré en 3 semaines à 90% dans des conditions live. Nous sommes entrés en studio avec toutes les compositions et la plupart des arrangements déjà réalisés. Gilles Martin nous a fait faire beaucoup de prises, pour les guitares notamment. Ils nous a laissé tenter des choses, nous a mis à l’aise pour qu’on se lâche. C’est aussi le cas pour Philippe (le chanteur) dont il a gardé les prises témoins sur lesquelles on sentait qu’il avait moins la pression.
Qu’est-ce que vous retenez de ce travail artistique ?
Benjamin : Un confort indéniable et un gain d’efficacité. Gilles était là en appui. En studio, il a une vision complète du son. Il nous guidait sur le choix des prises à garder et nous encourageait à suivre une voie plus qu’une autre, en ne perdant jamais de vue le résultat final : restituer l’émotion et l’énergie naturelle du groupe.
Sur ce disque, un titre comme « La Cloche » dégage un climat qui, j’imagine, est la conséquence directe de votre travail sur le son ?
Hervé : Oui, c’est la chanson emblématique de ce type de production. En arrivant en studio nous avions d’abord un arrangement piano/violon qui ne cadrait pas trop avec notre répertoire et aussi un rythme de galère au tambour dont nous ne savions pas trop quoi faire. Gilles nous a poussé dans la seconde voie en accentuant le traitement du son de ce tambour qui est devenu lugubre et qui au final créé une ambiance lourde.
Vous êtes six, qui compose dans le groupe ?
Hervé : Pour les textes c’est principalement Philippe et moi. Chacun bosse dans son coin et on relit ensuite le texte de l’autre avec un regard critique. Philippe arrive aussi souvent avec une idée mélodique et une grille d’accords. Julien (guitariste rythmique) apporte aussi des musiques. Ensuite chacun amène des idées, on développe les morceaux ensemble et les arrangements sont collectifs.
Depuis vos débuts, vous développez un répertoire très « chanson » avec des mélodies et des textes qui font souvent mouche. Dans quel style vous situez-vous ?
Hervé : Chez les Mauvaises Langues, il y a l’envie d’écrire des chansons. On croit à la force des mélodies, à la beauté du songwriting populaire capable de toucher tout le monde de façon simple et intemporelle (cf. les Beatles ou Abba). Alors le genre chanson nous va très bien, c’est ce qu’on fait, de la chanson rock à la rigueur, mais surtout de la variété au sens large. On se retrouve dans des chanteurs populaires comme Renaud, Brel et plus récemment Sanseverino, Benabar.