ICALMA – Bun O Und
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Le premier vrai album d’Icalma, "bun o und", avec son titre en palindrome approximatif, ses chansons en anglais titrées en français, son curieux mélange de guitare noisy et d’expérimentations électroniques (rythmes syncopés, interférences concrètes, claviers antédiluviens), ses tentations post-rock barrées par une chanteuse mutine (Armelle Pioline de Holden), a ce je-ne-sais-quoi de différent qui intrigue et sucite la sympathie dans la saison musicale. Absolument éloigné de préoccupations néo-punk, ambient ou électro-trash, il puise à des sources dispersées, créant une sorte d’oasis fragile sur laquelle flottent les mirages tutélaires des Pale Saints (les guitares, la voix noyée), Tortoise (les constructions concassées) ou encore Telefon Tel Aviv ("Tu ne sais rien d’elle", comme une chute tardive de "A Map of What Is Effortless"). On doit cet étonnant brassage à la curiosité touche-à-tout du franco-chilien Philippe Boisier, jadis et successivement versé dans la cold-wave, l’architecture, l’habillage sonore (et j’en passe). Maître à bord du projet Icalma, il introduit, ponctue et conclut le parcours avec des instrumentaux rêveurs, riches en détails, portés par des rythmiques qui tanguent. Petits esquifs fragiles, que la voix de sirène d’Armelle, dès le second morceau, tente de dérouter en sens contraire : peine perdue, c’est elle qui, jouant joliment sur la gamme de ses possibles, le suave, l’évanescent et la blancheur froide, se laisse prendre dans le sillage, indiquer la mesure. De loin, la musique du duo est un peu une réponse arty et électro aux langueurs d’Elysian Fields ("Roi des champs" contre "Queen of the Meadow" ?). Un peu déconstruite mais rafraîchissante, très référencée mais pas bégueule, elle apparaît, dans son originalité, comme la douce promesse de lendemains différents : on espère bien la voir se confirmer.
David Larre
Tourbillon spatial
Parfois elles chantent
Rose
Roi des champs
Ca c’est hier soir
Tu ne sais rien d’elle
Bazar ailleurs
Qui s’embrassent dans les blés
Plan du poème
Murmures