ACETATE ZERO – Crestfallen
(Arbouse Recordings / La Baleine) [site]
Déjà quelques années – une décennie presque – qu’on suit le parcours de la formation de Stéphane Recrosio, disquaire émérite (Festen à Paris) et artisan besogneux (le label Orgasm dont on attend le retour), qui, au sein d’Acetate Zero, met en pratique sa propre philosophie musicale : l’émotion avant le son, le contenu avant le contenant.
Quitte à passer pour les derniers des mohicans, Acetate Zero continue à tracer son sillon à travers les modes. Le Post-Rock est aujourd’hui ‘has-been’, remplacé par la new folk ou quelque autre machin ? Qu’importe. Acetate Zero n’a pas de plan de carrière et cette liberté de jouer transparaît dans ce « crestfallen » crépusculaire.
Ce nouvel album reste fidèle au 50% bruit / 50% silence, formule électrique que le groupe maîtrisait déjà sur son premier single – un 45 tours vinyle à la pochette noire et floue comme un jour de pluie. Côté climats, on s’y retrouve toujours très bien : les orages d’été s’enchaînent aux frimas de l’hiver dans un cycle des jours et des saisons particulièrement savoureux. Bien sûr, la filiation Hood/Mogwai est évidente mais Acetate Zero joue une musique hors mode et intemporelle et évite les écueils du "style pour le style" : pas de mise en pilotage automatique, ni de rythmiques prétoriennes et encore moins d’effacement de l’humain au détriment de la machine ou d’effets "electronica".
Après un décollage de drone qu’on jugera presque trop conventionnel, "the Sad Beautiful Quintessence" et son duo de voix sèches posé sur un arpège de guitare susurré ouvrent la partie. Les titres s’enchaînent et on se perd rapidement dans la topographie toute en reliefs de la musique des parisiens. On préfère quand même quand A0 joue en sourdine, car c’est toujours un délice : la comptine "December Sounds Like That" (un clin d’oeil au "September Brings the Autumn Dawn" des aînés de Hood ?) et sa joliesse apaisante en sont la preuve par le son.
Malgré l’aversion de Recrosio et sa bande pour la duplication en CD-R et les photocopies en noir & blanc, les contrastes d’Acetate Zero ne sauraient être le fruit d’une copie rabâchée. Acetate Zero a pris, au fil du temps, le soin d’affirmer une ambiance chaleureuse et d’afficher des couleurs pastels. Un univers familier qui se dessine au fur et à mesure de leur discographie et qu’on espère revoir une fois l’été passé.
Ursagraph
Frozen
The Sad Beautiful Quintessence
The Collide Of Your Mouth
December Sounds Like That
Storm Perspective Means Everything
Haze Of Nostalgia
Ocean Rover
Sunrise
Ode To Admittance
I Don’t Know How
Bright Delight Flame
Drowsiness & Dizziness
Dust Between
Festen
Ascend Halti And Then Head North