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Jad Wio – Grand Mix de Tourcoing, 7 avril 2005

JAD WIO – Grand Mix De Tourcoing, 7 Avril 2005

Toute personne de goût se devait d’être présente au Grand Mix le jeudi 7 avril. C’était le retour sur scène, après 10 ans d’absence, d’un des groupes français les plus intéressants depuis le début des années 80. Jad Wio, emmené par le dandy décadent Denis Bortek, est un combo qui mêle un esthétisme de cabaret gothique, au croisement du "Rocky Horror Picture Show" et de Bauhaus. Mais ce qui différenciait Jad Wio de l’ensemble des autres groupes du même type qui sévissaient dans ces années maudites tenait à la qualité des compositions (des albums mythiques comme "Fleur de Métal", produit par le magicien Bertrand Burgalat, ou encore le formidable "Monstre-toi", comme si Kurt Weill avait croisé Bram Stoker dans un bar de Londres), mais également à ses reprises d’esthètes ("S.O.S. Mesdemoiselles" de Ronnie Bird, ou encore "You’re Gonna Miss Me" des Thirteen Floor Elevators). Bortek parti en solo en 1995, nous attendions tous, talons hauts et veste Granny’s dans le placard, que le groupe renaisse de ses cendres. C’est pourquoi son apparition était particulièrement attendue ce soir pour toute personne ayant vécu les années 80 comme un long hiver musical.

Un pied dans la salle et l’angoisse m’étreint. Il n’y a pas grand monde… Un groupe pareil et dix personnes ? C’est une hérésie… Mais je me rassure en voyant le lieu se remplir peu à peu. 21 heures sonnent lorsque Usmar, premier groupe de la soirée, fait son apparition. Je ne savais pas à quoi m’attendre, la presse le décrivant comme de "la chanson française électronique", découverte du Printemps de Bourges… Les deux membres du groupe (Usmar et un certain Mathieu) se partagent claviers, boîtes à rythmes et guitare pour un résultat… curieux. Le feeling général est plutôt bon, Usmar essayant d’assimiler les influences électro (Air en tête) et rap/hip-hop (le flow, le timbre de voix) et de les concilier, ce qui donne une musique plaisante mais parfois un peu hétérogène. Le vrai problème se situe au niveau des paroles, il faut véritablement qu’il y ait un travail de ce côté (comme sur ce "Vivement Dimanche", dont le titre parle de lui-même, et qui évoque certains raps peu recommandables à la Passi ou Stomy Bugsy – burp). Un constat assez mitigé donc, avec ses bons moments mais aussi quelques lourdeurs stylistiques.

Quelques minutes de pause et les lumières s’éteignent. Démarre alors une vidéo de "Bienvenue", joyau de l’album "Fleur de Métal", tandis que le groupe s’installe sur scène, dans une ambiance, il faut bien le dire, assez plate. Il ne manque que Bortek pour que le show démarre. Soudain, il arrive, vêtu d’une veste en velours pourpre, de bas, de talons hauts et d’un loup qui lui recouvre les yeux. Il étend les bras et c’est parti. Une heure et demie de décharges électriques, Jad Wio partageant le concert entre les morceaux de "Nu", son dernier album en date, et des incontournables de son répertoire ("Vicious", "Toxic Boy", "Ophélie"). Le groupe tourne à plein régime, d’autant que le guitariste fondateur, Kbye, a fait son retour parmi les (morts ?) vivants, et nous gratifie de rythmiques et de soli lâchés avec une classe éminemment richardsienne. Ils se fendent même d’une reprise littéralement infernale du "You’re Gonna Miss Me" déjà cité, en réussissant l’exploit de quasiment surpasser l’original de Roky Erickson et sa bande. On voit défiler au cours de ce concert toutes les obsessions récurrentes du groupe et de son leader (le sado-masochisme, l’érotisme, les jeux pervers avec la mort, toute une conception velvetienne du Rock). De ce fait, il s’est dégagé du concert une douce odeur de déviance, d’érotisme et de moiteur infernale. Un concentré de rock’n’roll, en somme…

Frédéric Antona

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