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Austin Lace – Interview

AUSTIN LACE

On aime bien les Belges, leur fraîcheur, leur humour, leur inorganisation. Lorsque les gars d’Austin Lace, auteur du récent « Easy to Cook« , arrivent pour l’interview dans un café qui fait face au Nouveau Casino, où ils jouent le soir-même, c’est en ordre dispersé. Leur voiture vient d’être enlevée et le manager doit payer une amende salée. Avant ça, à Marseille, les Nivellois n’avaient pas retrouvé leur hôtel après une soirée arrosée d’après-concert. Oubliés l’adresse, le nom… Têtes en l’air mais pas têtes à claques, Fabrice (chant), Lionel (guitare) et Enzo (claviers) se prêtent au jeu de l’interview. Où il est question de sillon wallon, de grizzli poilu et de Mylène Farmer.

AUSTIN LACE

Faire la première partie de David Thomas, l’ex Pere Ubu, l’un des pères du rock alternatif, ça fait quoi ?
Fabrice : C’est un mastodonte. Physiquement il est super impressionnant. Je lui ai parlé en coulisse et il est dans son trip. Je l’avais découvert dans une émission sur MTV et j’avais flashé car sa musique est très osée et très libre. Pour le reste, je ne connais pratiquement pas.

Vos influences semblent assez variées à l’écoute de « Easy to cook »: pop, reggae…
Lionel : On a quelques influences communes, notamment américaines comme les Flaming Lips, Pavement, mais aussi les Beatles, les Beach Boys, toute la pop des sixties. On écoute aussi pas mal d’électro (Lali Puna, The Notwist). Et moi, j’écoute pas mal d’acoustique, comme Elliott Smith.
Fabrice : Hier dans la voiture, je réécoutais le premier album de Mathieu Boogaerts, « Super », et je me suis aperçu combien ça m’avait marqué dans les arrangements. C’est très reggae, tout en contretemps, avec des chœurs magnifiques. Un album très sous-estimé. Enzo est très reggae et hip hop.
Enzo : plutôt du reggae soul : Lee Perry, Gregory Isaacs…

C’est votre deuxième album, je ne connais pas le premier. Il est comment ?
Fabrice : Très sérieux, scolaire. On voulait impressionner. On avait écouté dEUS à crever et on voulait avoir le même côté moderne, expérimental. Mais on n’avait pas les épaules pour, ni le son, donc on s’est perdu dans l’enregistrement. Cet album était une ébauche.

Des regrets ?
Fabrice : Non, on n’aurait pas pu faire mieux à cette époque-là. Il y a quand même des bons morceaux dessus. On a travaillé avec Mathias de Dionysos, qui devait produire tout l’album, et qui n’a finalement produit que trois titres parce qu’il s’était cassé la figure après une chute de 4 mètres d’une enceinte ! Dionysos, quoi ! Du coup, il n’a pas apporté la touche pop qu’on attendait…

Vous profitez de l’effet de mode de la pop belge, voire wallonne, mais du coup, on vous compare sans cesse aux Girls in Hawaii, Ghinzu, Sharko et consorts. Ça n’est pas un peu agaçant ?
Fabrice : Dans « Libé », ils parlent de « sillon wallon ».
Lionel: J’aime beaucoup ces groupes et ce sont des amis, mais musicalement on a rien à voir avec eux…
Fabrice (le reprenant) : Si, avec Sharko, on partage le même côté distancié. En fait, on a peur que le soufflet retombe très vite et que les gens ne fassent pas toujours attention aux morceaux. Est-ce qu’on va continuer à prêter attention à nous parce qu’on est un groupe belge ou parce que les morceaux sont bien ? C’est la question.

Avant, la scène belge était surtout flamande, non ?
Enzo : Oui, artistiquement, ils étaient en avance. Ils étaient bien plus audacieux. Il y a aussi eu des bons groupes bruxellois dans les années 80, comme La Muerte.
Fabrice : Attention, maintenant les groupes flamands sont de moins en moins aventureux, et ce qui sort du lot sonne assez FM. D’ailleurs, Zita Swoon revient frapper à la porte de Bang, parce que ce label bruxellois est devenu une référence depuis le succès des Girls in Hawaii.

C’est un peu la revanche des Wallons.
Fabrice : Nous on s’en fout, mais pour les professionnels de la musique, oui. Il y a eu un tel mépris mutuel wallon-flamand… Très pénible. On a eu un single en rotation sur Studio Brussel, la radio qu’on adore en Flandres, mais ça ne nous a pas permis pas d’avoir une tournée en Flandres. On a juste eu quelques dates, c’est tout. C’est du délire !

Il paraît que l’accent français des groupes wallons posait problème en Flandres, c’est vrai ?
Lionel : Oui, tout à fait.
Fabrice : On a pensé à un duo avec Mylène Farmer, elle marche bien en Flandres et aux Pays-Bas. Jamais compris…
Enzo : Les Flamands sont francophiles, mais ils ne s’intéressaient pas aux groupes wallons car ils avaient chez eux des groupes dix mille fois mieux…
Fabrice : Qui chantent mieux, avec un accent potable. Mais c’est aussi un peu surfait, leur accent américain.

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