THE KILLS – No Wow
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No wow… Pas de quoi s’exciter a priori. Aucune raison de s’extasier devant ce couple de faux punks vêtus de noir et de jeans déchirés qui joue ce que PJ Harvey avait déjà joué il y a dix ans. Quel crédit accorder par ailleurs à un groupe doté d’un nom pareil ? Un groupe qui n’en finit pas de jouer à faire semblant d’ignorer que le rock est mort et enterré depuis longtemps. Peut-être…
Sauf que le son rêche de The Kills balaie tout ça en quelques minutes. Dès la fin de la première chanson, et de son incontournable montée en puissance, on ne peut guère s’empêcher d’éprouver le même plaisir qui nous avait surpris une première fois à l’écoute de "Keep on Your Mean Side" il y a quelques mois. Plaisir complètement assumé du reste. Et les retrouvailles ne sont pas gâchées par la qualité des chansons, toujours fondées sur les mêmes ingrédients : une guitare électrique sourde, une rythmique nerveuse, une voix féminine sans autre grande qualité que celle de se donner à fond, quelques refrains qui font mouche. Certes, on a connu plus de finesse, mais ce serait ternir le résultat que d’en instaurer trop dans les morceaux de The Kills. La fièvre brutale qui s’en dégage a ce qu’il faut de poisseux et de sec tout à la fois pour nous persuader que le rock n’est pas si moribond qu’on voudrait nous le faire croire, ou alors que ses derniers soubresauts ont encore quelque intérêt. De ce brûlot homogène se dégagent par ailleurs quelques compositions moins radicales, on pourrait aller jusqu’à dire délicates, telles "Rodeo Town" qui lorgne assez directement vers la Patti Smith de "Radio Ethiopia", et "Ticket Man" qui conclut paisiblement l’album sur une touche plus épurée. Les plus réfractaires au disque devraient pouvoir se laisser séduire par l’appréciable documentaire l’accompagnant, où la filiation du groupe avec certains illustres prédécesseurs est plus manifeste (la très nette influence du Velvet Underground notamment, dans certaines introductions, et l’hommage à Captain Beefheart lors d’une reprise vivifiante de "Dropout Boogie" en concert). No wow ? Oh Yeah !
Jean-Charles Dufeu
No Wow
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Ticket Man