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Cabaret Walter – Un cadavre exquis

CABARET WALTER – Un Cadavre Exquis
(Cabaret Walter / La Baleine) [site] achetez ce disque

CABARET WALTER - Un Cadavre Exquis"Un Cadavre exquis" est, comme son nom l’indique, l’application à la musique du procédé surréaliste consistant à esquisser un texte ou un dessin pour laisser son voisin le poursuivre à partir d’une simple amorce : par transposition, le projet fomenté par le Cabaret Walter consiste en une composition à multiples auteurs, chacun d’eux n’ayant connaissance que du morceau précédent et le poursuivant à partir d’une boucle d’un ou deux instruments. Pour le mener à bien, il a fallu un peu de patience (de la France aux Etats-Unis en passant par la Belgique, le projet s’est étendu sur plus de trois ans) et aussi pas mal d’habileté, d’insouciance, de fièvre expérimentale à tous les aventureux qui s’y sont risqués. Comme le casting est assez haut de gamme et à la croisée de recherches musicales communes (Thomas Belhom et Naïm Amor séparés par Dominique A, par exemple), le résultat est plutôt probant. Et étonnamment cohérent malgré d’inévitables et désirées ruptures de ton : ainsi, jeux de guitare un peu languides et voix proches du chuchotement se succèdent, dans une alternance de chaud et froid, pour proposer un voyage mental proche du rêve éveillé. D’un artiste à l’autre, du cou du cadavre à son ventre, se tissent des échos étranges : le minimalisme répétitif de Rudy Trouvé (Deus, Kiss My Jazz) rejoint l’atmosphère triste, tracée à la pointe de fusain, du morceau des Dirty Three ; les jeux des enfants dans la piscine de Guilhem Granier et Guillaume Beauron (Madrid) anticipent l’ambiance estivale des percussions et guitares de Naïm Amor ; Dominique A propose, avec celui de Peter Vermeersch, le morceau le plus expérimental, tout en ruptures, en paroles obsédantes et décalées, à soi presque le manifeste de toute la guirlande musicale ("A la suite"). La tenue du projet sur la durée est plutôt réjouissante, d’autant que les morceaux existent vraiment par et pour le tout, aucun ne se détachant exagérément pour nuire à l’équilibre de ensemble (bravo tout de même pour le mastering). C’est finalement pour cela que le cadavre est exquis : avec son teint encore rose, des attaches qui tiennent bien, un reste de souplesse dans les membres, il est tout à fait présentable.

David Larre

L’Ouvreuse – La porte du cabaret conduit à l’hôpital
Guilhem Granier et Guillaume Beauron – A piscina
Rudy Trouvé – Early Days of Summer
Thomas Belhom – In a Frame
Dominique A – A la suite
Naïm Amor – Tropicana Club
Dirty Three – Somewhere between Rude and the Rudouest
Venus – Squashing Fantasies
Peter Vermeersch – Confiscated Song
The Black Heart Procession – Eleven

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