DESTROYER – El Castell Embruixat, Saint Hyppolite, 14 Février 2005
Il est des initiatives que l’on a plaisir à encourager. La programmation du Castell Embruixat, chaleureux café-concert ouvert il y a deux ans dans la région perpignanaise est de celles-là. Après avoir accueilli notamment Cali, Sharko, Bertrand Betsch et The National, le château ensorcelé recevait ce dimanche 14 février un fantôme de David Bowie, à savoir le canadien David Bejar de passage dans nos contrées afin de défendre sur scène son projet Destroyer.
Malheureusement arrivé tardivement, je n’ai pu juger que sur deux titres convaincants la prestation des toulousains de Wok venus jouer en voisins, trop fort, leur rock hargneux, noir et tendu où Polly Jean croise les Bad Seeds à Bristol. S’ensuivent vingt bien longues minutes de Frog Eyes, combo canadien support de Bejar pour cette tournée européenne, accompagnés pour les deux premiers titres du même Bejar guitariste résolument dos au public, histoire de bien nous faire comprendre que Destroyer c’est un peu la même chose mais différent. Fort heureusement d’ailleurs ! Il est temps alors de découvrir sur scène "Your Blues", déjà sixième album de Destroyer, que je n’avais pas encore écouté avant ce set. Je découvre alors un groupe se confrontant au psychédélisme d’un Mercury Rev emmené par une sorte de Stephen Malkmus. Généralement bien sentis, les titres s’enchaînent nerveusement malgré une prédilection pour le coq-à-l’âne dans leur construction rythmique. Le concert souffre d’un manque d’arrangements et d’habillage sonore, et les parties de claviers se font bien discrètes. Les Frog Eyes qui nous ont tant déçu en amuse-gueule semblent prendre en main la destinée de Destroyer pour cette soirée. Pas entièrement convaincu donc mais séduit tout de même, notamment par l’enthousiasme sourd de Bejar à défendre ses morceaux, je me précipite en sortant sur la version studio et me trouve alors face à un tout autre groupe qui me fait dire que Bejar était décidément bien mal entouré. Destroyer devrait assumer sur scène ses choix de production discographique, car s’ils peuvent rebuter par leur côté synthétique ils sont aussi sa marque de fabrique; à l’image de Pulp à l’époque de "Separations".
Et pour conclure, amis catalans et occitans, guettez la programmation du Castell car les merveilleux The National devraient revenir le hanter bientôt.
François Le Doeuff