MARSEN JULES – Herbstlaub
(City Centre Offices / La Baleine)
Marsen Jules est une nouvelle identité d’emprunt pour Martin Juhls (Dortmund, Allemagne), qui officie par ailleurs dans les formations électroniques krill.minima et Falter. Davantage qu’un side-project de plus, le disque "Herbstlaub" peut être considéré comme une oeuvre personnelle et accomplie témoignant d’un travail de composition unique en son genre et d’une ambition esthétique assez haute. Les six plages qui composent cette quasi symphonie ont en commun une matière sonore faite de nappes synthétiques fluctuantes, roulant au gré de leurs flux et reflux des samples et des parties live d’instruments à cordes (violons, piano et harpe principalement) ; le déroulement de chacune des pièces, dépourvues de ponctuations rythmiques, vise à une sorte d’osmose sensorielle et hypnotique, où les éléments sont à la fois fondus et détachés, comme des apparitions fantomatiques dans un brouillard épais. Ainsi des attaques de cordes sur "De la mort d’un cygne", des accords de harpe et de guitare sur "Tous les coeurs de cette terre" qui, tout à la fois, équilibrent et déstabilisent un climat musical suspendu entre grâce et inquiétude. L’oeuvre tangue ainsi étrangement, à la frontière de l’expérimental et du néo-classique, de l’abstrait et de l’ambiant, déjouant toute tentation de catalogage. Impossible de dissiper le mystère, de définir la beauté d’une musique qui semble surgie de nulle part, possédant son propre pouvoir de suggestion et d’effacement, comme la vague dessine et efface ses traces sur le sable.
David
Fanes d’automne
De la mort d’un cygne
Aurore
Aile d’aigle
Tous les coeurs de cette terre
Chanson du soir