HOUSE OF LOVE – Reading Fez Club, Mercredi 9 Février 2005
Un concert au Fez Club de Reading, c’est toujours assez bizarre. De nombreux groupes de musique de jeunes (Bloc Party, Babyshambles, the Dears) s’y produisent dans un décor pseudo marocain plein de dorures et de lampes à huile, devant un parterre de gogoths synthétiques et de punks sur le retour. Ce soir, c’est un groupe de musique pour les moins jeunes qui y passe et le public ne sait pas trop quoi faire. Il y a le trentenaire en costard qui téléphone à ses potes sur le ton de "hey, devine où chui", il y a le fan japonais qui révise ses classiques en écoutant son iPod rose, il y a les gogoths synthétiques en fuseau de velours noir, liquette de l’arrière grand-père et khôl de la maman, et puis, chose inédite, il y a des filles. C’est rare les filles dans les soirées rock-indé.
Pile à l’heure, la première partie débarque et les filles s’approchent de la scène. The Half Rabbits a la dure tâche d’ouvrir pour le groupe que tout le monde attend. En dehors d’un nom bizarre (Half Man Half Biscuit fornique avec les Little Rabbits ?), le groupe est un quatuor basse, batterie et deux guitares très bien tenu, qui oscille entre Gang of Four pour les guitares en dents de scie, Joy Division parce qu’il fait noir ici et… Interpol. Le début fait un peu peur aux trentenaires à portable qui se réfugient au bar, mais à mesure que le volume sonore monte et que les parties de guitares tissent leurs toiles, leurs compositions entre cold wave et punk intello font mouche. Et même quand les guitaristes se prennent les pieds dans leurs câbles, la batteuse (par ailleurs charmante) et la bassiste (une hippie en veste de velours un peu paumée) gardent le cap de façon impressionnante. Le groupe va bientôt sortir un mini album. Il faudra penser y jeter une oreille (site – son – vidéo).
Après 30 minutes de changement de plateau, dont 20 minutes consacrées aux guitares de Terry Bickers, The House Of Love entre en scène et les trentenaires à portable se battent avec les filles pour les places devant la scène. L’air de rien, sans prêter attention à la cohue qui les entourent, Guy et Terry s’attaque à "I Don’t Know Why I Love You ". Le fan japonais s’évanouit de plaisir, les trentenaires reprennent le refrain en cœur, les filles fixent Terry. C’est bon, c’est parti, le concert de l’année commence sur les chapeaux de roue. Pas de retenue, les guitares à fond, la noisy pop a du bon ! Le groupe enchaîne sur un titre du nouvel album, le public, qui ne connaît pas la chanson, retient sa respiration quelques secondes puis se laisse conquérir par les vagues psyché et le mur du son. Ca continue comme ça pendant une heure, les nouvelles compositions ("Time and Money", "Kinda Love"…) s’enchaînent parfaitement aux vieilles ("Hope", "Christine", "Love in a Car"…), qui sonnent toujours aussi bien. Pendant tout le concert, on sent que les regards sont posés sur Terry – il faut dire que Guy est un peu en retrait et pas très charismatique – mais il n’en a que faire, sourit, sort une vanne ou deux et regarde Guy pour le signal qui déclenche ses solos. Tout va bien, ils ont l’air de bien s’entendre. Terry pourra terminer la tournée cette fois-ci. La fin du concert arrive très vite. Un "Love in a Car" furibard et rallongé clôt le set mais le public ne se laisse pas faire et en réclame toujours plus. Le groupe revient, fait un rappel, dont une chanson avec Terry au chant ("Celebrate"), et s’efface. Parmi les nouvelles chansons, "Time and Money" et "Days Run Away" sont des classiques instantanés, l’énergie est toujours là… vivement la suite sur disque ou en tournée.
Quand les lumières se rallument, les trentenaires reprennent leurs portable "hey, devine où j’étais", les gogoths et le fan japonais sourient béatement et les filles courent après le chanteur de The Half Rabbits. Retour à la normale en attendant le prochain concert du Fez Club… pour une reformation du Wedding Present peut-être.
Gildas
I Don’t Know Why I Love You
Love You Too Much
Maybe You Know
Hope
Christine
Kinda Love
Gotta Be that Way
Money And Time
Beatles And The Stones
Never
Already Gone
Kit Carter
Fisherman’s Tale
Love In A Car
————
Man To Child
Celebrate (Feed My Fire)
Shine On
Days Run Away