TIM BOWNESS – My Hotel Year
(One Little Indian / Wagram)
Après 15 ans de bons et loyaux services au sein du duo No-Man, formé avec Steven Wilson, tête pensante et mains prodiges de Porcupine Tree, Tim Bowness se lance dans l’aventure solo, avec un drôle de projet résumé par son titre : My Hotel Year. De fait, les morceaux qui composent cet album sont comme des instantanés d’une vie perdue dans le temps étale et répétitif d’une claustration luxueuse. Bribes d’affects enveloppés d’effets (électro, jazz, downtempo, et j’en passe), souvenirs noyés dans le ressassement amoureux, rêveries incertaines, c’est un peu le négatif, intérieur et sonore, du luxuriant 2046 de Wong Kar-wai. Même intimité feutrée (voix exténuée, sur le bord de la confidence), même recherche fétichiste du détail (du plus acoustique au plus électronique, le son est sélectionné pour la douceur de son relief, la richesse de son coloris), même volonté de contrôle permanent et, peut-être, même exclusion – temporaire ? – de l’altérité d’un regard extérieur. Il semble bien que Tim Bowness ait quelques comptes à régler avec sa propre histoire ("I once loved you", "The Me I knew"), et il en fait partager les échos à son auditeur, séduisant parfois à l’aide de délicates atmosphères au bord de la rupture ("Last Year’s Tattoo"), déconcertant occasionnellement par des pièces un peu déstructurées et volontairement inabouties ("Hotel Year"), jouant le plus souvent sur les deux tableaux, entre l’aquarelle et l’esquisse ("Making a Mess in a clean Place"). La tonalité d’ensemble se rapproche de celle des disques de David Sylvian ou de Blue Nile, l’assurance (vocale et mélodique) en moins. Ce n’est pas si mal, ce n’est pourtant pas assez pour convaincre pleinement.
David
Last Year’s Tattoo
I Once Loved You
World Afraid
The Me I Knew
Made See-Through
Hotel Year
Ian Mcshane
Blackrock 2000
Making a Mess in a Clean Place
Sleepwalker
Brave Dreams