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Disques

Heavy Blinkers – The Night And I Are Still So Young

HEAVY BLINKERS – The Night And I Are Still So Young
(Transistor Records)

HEAVY BLINKERS - The Night And I Are Still So YoungLettrage jaune et blanc sur fond vert olive, reproduisant la combinaison chromatique de la pochette de "Pet Sounds", titre d’album sonnant comme un écho à la – magnifique – chanson "The Night Was So Young" sur l’album "The Beach Boys Love You" (1977) : pas de doute, le packaging européen de ce quatrième album des Heavy Blinkers a des allures de bulletin de l’Amicale des Garçons de la Plage. On ignore le degré de contrôle artistique du groupe sur le sujet. Toujours est-il que le raccourci visuel est à la fois réducteur – son champ d’influences est bien plus vaste que la seule fratrie Wilson – mais aussi révélateur de son refus de s’émanciper des tables de la loi pop édictées dans les années 60. La pochette du précédent album, "Better Weather", affichait un cheval blanc et l’idée était bonne, tant les Heavy Blinkers impressionnaient alors conjointement par leur vélocité et leur allure, leur sens de la bombinette mélodique pur-sang et leur science de l’arrangement aristocratique. Dès lors, si "The Night And I Are Still So Young" déçoit de prime abord, c’est par son parti pris résolument unanime en faveur de mid-tempos un peu lymphatiques. Exception faite d’un "Try Telling That To My Baby" pétulant aux reflets soul 60’s, peu de titres semblent se détacher d’un ensemble certes on ne peut plus confortable, mais un peu dépourvu de relief. Pourtant, on y revient quand même vite, et on n’est pas déçu. Les écoutes répétées ne tardent pas à révéler la finesse et l’ampleur de l’écriture de Jason Mc Isaac, songwriter en chef de ce quintette canadien. Pour situer les Heavy Blinkers sur la cartographie de la pop contemporaine, on pourrait dire qu’ils se trouvent à équidistance des Pearlfishers d’Ecosse et des Ladybug Transistor d’Amérique, soit d’orfèvres du genre pour qui la forme importe autant que le fond, et qui ont renoncé à toute velléité profondément innovatrice. Ainsi le son de ce "The Night And I…" est-il un pur régal, et l’on ne peut que saluer le travail de la vingtaine de musiciens (sections de cordes, cuivres…) sollicités à cet effet – parmi lesquels Jason Ball, l’homme de Hopeful Monster, ainsi qu’un joueur de pedal-steel, Dale Murray, aux interventions admirables de justesse. Dans pareil écrin, ornées d’harmonies vocales de toute beauté, les mélodies de Mc Isaac n’ont pas de mal à scintiller. Sur la foi de chansons aussi prodigieuses que "In The Morning", "Gentle Strength" ou encore le spectorien et crève-coeur "He Heard His Song", on lui pardonne beaucoup de choses, et notamment une fin d’album un peu en deçà du niveau général. Au reste, nul autre disque récent de notre connaissance n’accompagne si gracieusement la période de Noël qui s’ouvre à nous et les rêveries désuètes teintées de mélancolie qu’elle ne manque jamais d’engendrer, ce qui ne gâche évidemment rien.

Julien

Filtered Light
In The Morning
Mother Dear
Try Telling That To My Baby
Gentle Strength
The Night & I Are Still So Young
He Heard His Song
Silver Crown
Veranda Celeste
Fall On My Sword
Unseasonably Sad
Don’t Get Me Wrong

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