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Disques

Dana Hilliot and his Friends – I Was a Rabbit and I Won

DANA HILLIOT AND HIS FRIENDS (SINGING AND PLAYING) – I Was a Rabbit and I Won
(Another Record) – [site]

DANA HILLIOT AND HIS FRIENDS - I Was a Rabbit and I WonVu le titre et l’emballage, on serait facilement tenté de soupçonner un disque d’anti-folk pur et dur, agréablement bricolé à la va-vite autour de quelques accords de guitare et des mélodies aguichantes. Mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit. "I Was a Rabbit and I Won", contrairement aux trompeuses apparences, est un disque riche, grave par bien des aspects, plein d’idées, et impressionnant de justesse. A prendre au sérieux donc.
Ce qui séduit d’emblée ou presque (car il faut tout de même un minimum de persévérance), à l’écoute du disque, c’est la variété des moyens et des formes mis en oeuvre autour d’une même matrice acoustique, squelette de chacune des chansons, qui leur fournit la charpente mais non pas les cadres. On serait donc facilement tenté de décrire chacune des plages qui le composent pour bien pouvoir bien parler de l’album. Si celui-ci s’ouvre sur des arrangements très en phase avec les atmosphères automnales de (smog) sur Red Apple Falls, il s’en éloignera assez vite pour défricher d’autres chemins, tous relativement éloignés les uns des autres et tous explorés avec la même conviction. Dana Hilliot nous parle de ses amours perdues, de ses conquêtes ratées, de ses expériences les plus simples, avec une transparence et une sensibilité extrêmement touchantes. Sa voix est sans doute pour beaucoup dans cette capacité qu’ont les chansons à conquérir l’auditeur et on n’exagérerait qu’à peine en la comparant, dans l’esprit au moins, dans le pouvoir d’attraction qu’elle dégage, à celles de Bill Callahan ou Howe Gelb. Ce n’est évidemment pas le moindre des compliments. Mais on ne rechigne pas à en faire. Lorsqu’elle se fait traînante sur le titre presque parlé "The Girl Who Wanted a Baby from Me", on songe à certains exercices de Lou Reed et John Cale, la chanson "A Dream" notamment, sur "Songs For Drella". Certaines plages, plus classiques dans la forme, sont tout aussi séduisantes dans leur ton, telle "I’m Your Alcohol", échappée plus résolument folk, annoncée dans le livret comme une "chanson poétique sur la fellation" ou "Beds", jolie ballade amoureuse dans la droite lignée de ce que savent concocter les frères Herman Düne. D’autres restent assez inattendues, on citera pour exemple "Lions Kill Everything" qui mêle la complainte astrologique à un crescendo tribal à plusieurs voix. Tout l’album s’écoute avec une attention béate et admirative. Celle qu’on peut sans doute envisager comme la chanson phare, "Girl’s Asses", avec son refrain voué au culte (Girl’s asses will never let you fall, but girl’s asses will never save your soul) et son imparable ligne de piano, se donne de faux airs de comptine, mais vous arrachera peut-être une larme incompréhensible.
On ne s’explique pas tellement qu’un tel album, quasiment condamné d’avance à l’anonymat, puisse abriter autant de perles. "I Was a Rabbit and I Won" est un magnifique disque désenchanté camouflé sous des dehors anodins. Bravo pour l’élégance du geste.

Jean-Charles

Why Did Gods Leave Us?
Jurassic Part
Girl’s Asses
To Be A Tree
Beds
I’m Your Alcohol
The Darkness and Me
I’m Not a Drummer
Lions Kill Everything
To Plymouth From Spain
Sophie: Do You Remember Me as I Remember You?
The Girl Who Wanted a baby From Me
I Won’t Be Back

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