ELLIOTT SMITH – From A Basement On The Hill
(Anti/Pias) – [site]
Dur de critiquer un album posthume, encore plus lorsqu’il s’agit d’un songwriter bourré de talent comme l’était Elliott Smith. "From a Basement on the Hill" sort pratiquement un an après le décès (a priori un suicide) du petit gars de Portland. Une mort mystérieuse qui dérange. A croire que tous les songwriters de talent ont automatiquement droit à une mort suspecte (Kurt Cobain, Nick Drake…). Dur donc de ne pas faire une hagiographie de l’auteur de "Miss Misery". Dur de ne pas tomber dans une déférence extrême ou au contraire, dans un dédain vertueux qui veut qu’on stoppe définitivement ce commerce post mortem, échaudé par les multiples rééditions de Jeff Buckley.
Alors cet opus est- il meilleur que les précédents?
"From a Basement on the Hill" est un album triste, mélancolique mais d’une beauté incroyable comme tous les albums d’Elliott Smith. Un disque où les références à la mort, au suicide, aux drogues, à la solitude sont encore plus présentes. Les textes sont éloquents sur l’abattement de l’Américain: "I can’t prepare for death any more than I have" et "I don’t know where I’ll go now and I don’t really care who follows me there". Mais nous prendraient-ils autant la gorge, nous feraient-ils autant retenir nos larmes si leur auteur ne s’était pas malheureusement suicidé ? Impossible de connaître la réponse. Tout ce qu’on peut affirmer c’est que "King’s Crossing" nous donne des frissons avec sa ligne de piano et son retour de basse puissant. Et que "Twilight" est un morceau d’une sensibilité à fleur de peau. "Pretty (Ugly Before)" nous montre que la magie mélodique, qui mêle voix douce, piano et guitare acoustique, de Smith était toujours intacte. Un opus qui se situe plutôt dans la lignée de "Figure 8" avec notamment les morceaux "A passing feeling" et "Don’t go down", alors que "Memory Lane" nous replonge davantage dans la simplicité de ses débuts, "Roman Candle" et "Elliott Smith". Un disque magnifique et bouleversant dont on se demande encore pourquoi Dreamworks, son ancien label, en a retardé la parution.
On espère vivement que les prochains inédits ne seront pas victimes d’une exploitation outrageusement commerciale. Elliott Smith ne mérite vraiment pas ça.
Vincent Le Doeuff
Coast to Coast
Let’s Get Lost
Pretty (Ugly Before)
Don’t Go Down
Strung Out Again
Fond Farewell
King’s Crossing
Ostriches & Chirping
Twilight
A Passing Feeling
Last Hour
Shooting Star
Memory Lane
Little One
A Distorted Reality is Now a Necessity to be Free