COMETS ON FIRE – Blue Cathedral
(Sub Pop/Chronowax)
En provenance de Santa Cruz, du rock lourd qui s’empêtre dans ses longs cheveux gras. Troisième album des californiens de Comets On Fire, et premier à sortir chez Sub Pop, Blue Cathedral est une navrante logorrhée de psychédélisme cramé. Drogués jusqu’à la moelle, les hymnes déglingués de ces sauvageons sonores (renforcés ici par la présence de Ben Chasny des Six Organs of Admittance en seconde guitare) se dilatent dans le temps (le compteur oscille souvent entre 7 et 10 minutes) sans que l’on ne puisse trouver un sens à ces solos interminables, à ces arpèges dégoulinants sur des rythmiques carrées et galopantes.
Blue Cathedral a ainsi beau avoir été enregistré en 2004, c’est inévitablement aux seventies qu’il fait penser, à un mix improbable entre Led Zeppelin, Pink Floyd et Mc 5. Emmenés par un Ethan Miller reverbéré qui s’époumone sur fond de guitares tourbillonnantes et de saxophone enroué (le tragique "The Antlers Of The Midnight Sun"), les Comets On Fire déversent en l’espace de huit titres un rock aux riffs chargés en testostérone qui dérape parfois en de planants passages au clavier vintage ("Pussy Foot The Duke", le bien nommé "Organs"). Loin de la fureur électrique présente sur "The Bee And The Cracking Egg" ou "Whiskey River", ils s’autorisent même une ballade au coin du feu, guitares sèches et percussions sur charbon de bois et chemise en flanelle, avec le folk mystique de "Wild Whiskey".
Comets On Fire vit définitivement dans une autre époque. Celle d’un rock’n’roll dont les doigts seraient encore dans la prise, sauvage et fou, fâché avec les formats. C’est ce qui rend "Blue Cathedral" encore plus pathétique finalement. Il aurait peut être eu une raison d’être en 1970 mais aujourd’hui il fait figure d’anachronisme vulgaire.
G.
The Bee And The Cracking Egg
Pussy Foot The Duke
Whiskey River
Organs
The Antlers Of The Midnight Sun
Brotherhood Of The Harvest
Wild Whiskey
Blue Tomb