JOHN SMITH – Pinky’s Laundromat
(Peanuts & Corn)
Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler, mais pour une poignée de personnes dont je suis, le nouvel album de John Smith était le plus attendu de l’année. Pour tout un tas de raisons. Parce qu’il est le successeur de Blunderbus et que Blunderbus est l’un des meilleurs albums rap de ces dernières années, l’une des merveilles oubliées de 2001. Parce que les sorties de Park-Like Setting et de Hip Hop Wieners, ses deux groupes, ont aussi valu le détour. Parce que contrairement à son prédécesseur, ce nouveau disque est concocté exclusivement par la paire Smith / Mcenroe, et que ce dernier affiche une forme olympique. Après un Disenfranchised d’anthologie, notre producteur et patron de label préféré a été jusqu’à rendre très attachant le Funny Farm de Pipi Skid, pourtant pas le plus passionnant des rappeurs de Peanuts & Corn.
Pinky’s Laundromat est un concept album. A partir d’une laverie automatique des mauvais quartiers de Winnipeg, John Smith alias Smitty nous dresse un portrait social de la low-middle class nord-américaine, des urbains précaires, des petits escrocs, des minables, de leurs gros états d’âme et de leurs petites joies. Et tout est bien, tout est juste, tout se suit avec beaucoup de facilité pour une oreille française, comme souvent en matière de rap canadien. Et puis, bien sûr, il y a la production de Mcenroe. Celui-ci, c’était joué d’avance, nous gratifie encore de quelques perles comme la basse et les trois/quatre notes orientales de « Taxicab Confessions », comme les cordes de « Kinship of the Down and Out » ou comme le superbe « Bible Belt Babylon ».
A cause cependant de quelques passages à vide et de beats en demi-teinte (« Iron Chef »), cette nouvelle sortie est moins bonne et nettement moins accessible que Disenfranchised. Moins bonne aussi que Blunderbus. Mais Pinky’s Laundromat reste un disque Peanuts & Corn. C’est un album, un vrai, un bon, un solide, pas toujours extatique mais cohérent de bout en bout. Un comme seul ce label, le petit prodige qui le dirige et les rappeurs qui s’y agitent semblent savoir les faire.
Sylvain
Pinky’s Laundromat
Taxicab Confessions
Kinship of the Down and Out
Iron Chef
A Black Knife
Screwin The Pooch
Bumpin Uglies
Move So Slow
Baypak
Bible Belt Babylon
Weed Sells But Who’s Buying
Dana Barrett
One Too Many for the None Too Friendly