BARK PSYCHOSIS – Codename: dustsucker
(Fire Records)
Au début, je n’y ai pas cru. Comment après une absence de 10 longues années ("Hex" de Bark Psychosis, sorti en 94) et un ovni drum’n’bass sans descendance (Boymerang), Graham Sutton allait-il nous surprendre… On le disait empêtré dans ses machines, à la recherche de la mélodie ultime, voire perdu dans les entrailles insondables du doute et de la frustration en compagnie d’autres artistes "maudits" de sa génération (Kevin Shields, Lawrence Denim, à quand la suite ?).
Il n’en était rien. Aujourd’hui, sa réponse nous arrive sous la forme d’un album de Bark Psychosis, bizarrement intitulé "Codename: dustsucker". Sous ce nom froid et sans saveur, comme une tentative ironique de l’artiste de classer sa musique dans un nouveau mouvement musical (après les Shoegazers, voici les Dustsuckers ?), se cache tout simplement la suite logique de "Hex".
Car ici, rien n’a changé depuis notre dernière visite. L’écoute de ces neufs titres nous plonge immédiatement dans la nostalgie post post-rock, à une époque où Talk Talk était considéré comme un groupe new wave de baloches et où publier une chanson de 7 minutes sortant du schéma ‘couplet-refrain’ était incongru, voire suspect.
Cet espace temporel d’une décade constitue à la fois la faiblesse et la force de cet album.
Faiblesse, car on se dit que si cet album était sorti à la suite de ‘Hex’, Bark Psychosis serait Mogwai à la place de Mogwai, et Radiohead serait présenté comme une bande de sales pilleurs. En 2004, certains effets de sons ou arrangements éculés utilisés par le groupe pourraient choquer – ou pire, blaser – des oreilles chastes : le mélange de sonorités ‘electro’ et de guitares en apesanteur a été sur-exploité ces temps derniers et ce n’est pas l’exercice constitué par l’intro drum’n’bass de "Lazarus" qui devrait enchanter les indécis.
Et pourtant, c’est justement ce charme éthéré, ce romantisme musical et ce son inimitable qui font de ce nouvel album un pur moment de fraîcheur . A la fois dynamique (ah, ces lignes de basse !) et gonflée de spleen (la voix de Sutton, belle comme au premier jour), la musique de cet ancien-nouveau groupe est une merveille. Au niveau du line-up, on remarque surtout les présences d’Anja Buechele au chant, et Rachel Dreyer au piano et chant ainsi que l’arrivée de Lee Harris, l’ex-batteur de Talk Talk, comme un poisson dans l’eau. C’est cette nouvelle formation qui est à l’origine de belles surprises comme l’utilisation discrète de piano, de vibraphones ou de voix féminines qui élargissent les frontières esquissées il y a dix ans. Et si certains titres (comme "Tooled up") étaient déjà sortis sur les compilations "Game Over" ou "Independency", ils constituent une passerelle élégante entre le passé et le futur de Bark Psychosis.
Et cet album qui aurait dû sentir la naphtaline – ou le sapin – se révèle finalement d’une envoûtante fragrance.
ps: à noter la sortie de "Replay", un live enregistré en 1991 agrémenté de quelques inédits, chez 3rd Stone.
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