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Interviews

Bertrand Burgalat – Interview – partie 3

 

BERTRAND BURGALAT

Bertrand Burgalat, par SachaEnfin, la dernière partie de notre saga Tricatel en compagnie de Bertrand Burgalat ! La compilation « L’âge d’or de Tricatel » est toujours disponible, ouf, et la nouvelle sortie du label, une compilation du duo allemand Donna Regina, arrive. Où l’on parle production, scène, Bol d’Or entre deux combats canins…

Pour en revenir à l’histoire de Tricatel, c’est une question un peu bateau, mais est-ce qu’il y a un ou plusieurs disques dont tu es particulièrement fier dans le catalogue Tricatel ?
Le fait d’avoir essayé de faire connaître des gens comme Eggstone, ou les High Llamas… Les Dragons, c’est une belle aventure je trouve, c’est quelque chose qu’on a généré complètement, de manière empirique. Etienne Charry, je suis super heureux qu’on n’ait pu sortir ça. Sinon il n’y en a pas un plus que les autres je pense.

Et il y en a dont tu te dis qu’il aurait mieux valu ne pas faire, ou les faire différemment, avec le recul ?
Il y a un ou deux disques qui avaient leur justification dans le contexte du label. Je pense par exemple au disques de musiques de film de Philippe Harel. Comme on avait un peu sponsorisé son film sur le cyclisme – il y avait une des équipes qui s’appelait Epedex Tricatel – et que ses musiques n’étaient jamais sorties en disque, le disque avait sa justification dans ce contexte. Mais c’est un disque qui est peut-être plus hors-collection que les autres. Et puis ça nous éclatait de voir Daniel Ceccaldi devant une voiture Tricatel ! C’est peut-être là l’univers le plus éloigné. Mais il y a plein de projets qu’on n’a pas sortis car on se disait que ça aurait pu être fait ailleurs. Ce n’est pas qu’on veuille se singulariser à tout prix, mais si on doit sortir quelque chose, c’est si possible pour essayer d’apporter un éclairage différent. C’est une des choses qui font qu’on a eu des difficultés à trouver des licences au début pour la distribution et ça, j’ai mis du temps à m’en rendre compte. J’en ai parlé une fois avec Fred du Village Vert, parce que eux ont toujours des licences : « mais Fred, comment vous faites ? Vous n’avez pourtant pas enrichi l’industrie du disques beaucoup plus que nous, mais à chaque fois que vous sortez un truc, vous avez une licence ». Et il m’a expliqué « moi quand je présente un projet, je remplis des cases : vous voulez un groupe à la Ouï FM ? tenez, moi j’ai ça, même si ça ne correspond pas vraiment ». Alors que moi, quand je vais voir une major, je lui dis « il faut absolument que vous signiez ça, Count Indigo, personne ne fait ce qu’il fait de la manière dont il le fait ». C’est plus déroutant qu’autre chose. Je ne me rendais pas compte à quel point c’est quelque chose qui peut inquiéter, y compris dans le public.

(bagarres de chiens à leurs mémères à la table d’à côté)

Et quels sont les projets de Tricatel pour 2004 ?
Donc il y a cette compilation, « L’âge d’or de Tricatel ». On voudrait aussi compiler les raretés de Tricatel, en vinyl, et ne le sortir qu’en vinyl. On se pose aussi la question de savoir comment relancer quelque chose autour des Dragons en magasin. Aujourd’hui le truc classique, c’est de rééditer le disque avec des bonus, des inédits. Mais c’est aussi pénaliser les gens qui ont été les premiers à l’acheter, les premiers à s’y intéresser. On voudrait aussi sortir des DVD, avec tous les clips et les films qui ont été réalisés autour du label. Il va y avoir mon album. On va aussi sortir une compilation du duo allemand Donna Regina, plutôt sur le versant électronique donc. Et puis il y a aussi l’album consacré à Mike Alway, une compilation de trucs El Records. Et j’espère, avant la fin de l’année, l’album des Dragons.

Et ton prochain album, ça prend forme ?
Oui, j’y travaille chez moi, comme on n’a plus de studio. Je me demande si je ne vais pas tout faire chez moi d’ailleurs, pas du tout dans l’esprit home studio, je joue vraiment de tous les instruments, je les enregistre. Je me pose juste la question pour les cordes, avec le bruit de la rue… pour les cuivres, ça n’a pas trop d’importance mais si je fais des morceaux plus intimistes… En même temps, je voudrais montrer que ça n’a pas tellement d’importance tout ça… il y a une telle pignolade sur le son. Mais j’ai aussi envie de faire un disque qui sonne bien. J’étais très découragé il y a un ou deux ans, mais là j’ai retrouvé la pêche, j’ai des bons morceaux, je pense que ce sera le meilleur disque que j’aie fait. D’une certaine façon, les ennuis qu’on peut avoir, ça me motive. J’ai envie de faire un disque dont je suis fier, et puis je n’en attends rien de plus, on verra. Tous les jours j’avance, j’essaie de vraiment rester concentré, de ne pas trop sortir de chez moi, et j’y prends beaucoup de plaisir. De temps en temps c’est frustrant, je me dis que si j’avais des cordes par exemple, ça serait mieux… Mais bon, je vais le faire comme ça pour le moment, j’ai ramené pas mal d’instruments. Au début, je voulais même l’appeler « The Last Album », comme si j’arrêtais la musique après. Mais bon, ça fait un peu « Patrick Sébastien » de dire ça, après on est là comme un con pendant dix ans à s’entendre dire « dis-donc, tu devais pas t’arrêter ? ». En même temps, c’est souvent quand j’étais le plus découragé que les choses ont avancé. Je pense quand ça se passera bien, et quand je dis se passer bien, c’est que mon idéal est de faire quelque chose dont je ne sois pas trop mécontent, même si je suis frustré par certaines choses, et après je sais qu’il y aura toujours des gens qui y seront sensibles.

Et tu penses déjà à le présenter sur scène ?
Si je refais de la scène, je voudrais arriver à trouver une formule qui soit confortable. Il y a deux mois on est allé en Russie à trois, avec Larry Mullins, cet ami qui a été batteur d’Iggy Pop pendant dix ans et maintenant des Residents, sa copine Dana à la basse, et moi aux claviers. Je me suis imposé un truc, déjà que je ne suis pas très à l’aise sur scène, je devais faire toute les parties harmoniques au clavier en chantant, j’étais un peu stressé. J’aimerais le faire si je pouvais faire un vrai spectacle en fait. Je sais pas si je ferais soixante-dix concerts, je suis trop vieux maintenant. Avec les Dragons, c’était génial. Parfois on avait un public super enthousiaste. Et puis il y avait des fois où l’on jouait devant 26 personnes, en ayant fait 600 km aller et avant de faire 600 km retour. Ca faisait un spectateur tous les 40 km de bagnole ou quelque chose comme ça ! Ça devient fatiguant, au bout d’un moment, on se demande s’il faut continuer à promouvoir les choses de manière classique quand on est aussi isolé. Moi d’un autre côté, je prends de plus en plus de plaisir à jouer sur scène, je me sens de moins en moins inhibé donc je ne veux pas m’interdire de faire de la scène. Je voudrais trouver une formule où je puisse improviser. J’avais pensé à une sorte d’atelier d’improvision, mais le problème est qu’il ne faut pas que ça tourne à la pignolade, à la jam session. À trois c’est pas mal pour ça, avec une rythmique un peu hypnotique, moi je peux improviser dessus, même si la palette harmonique est un peu limitée. Peut-être à quatre, avec une guitare en plus. L’intérêt, à trois, c’est qu’on met tout dans un Kangoo et on est prêt à tourner. Alors qu’un groupe comme les Dragons, c’est lourd à faire tourner. Cinq personnes, l’ingénieur du son, le matériel…

 

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